L'Imposteur a été présenté en Sélection Officielle au Festival de Cannes, dans la section Un Certain Regard.
L'Imposteur est le deuxième long métrage du réalisateur allemand Christoph Hochhaüsler après le très remarqué Bois lacté, sorti en France en 2004. Né à Munich en 1972, Hochhäusler étudie l'architecture à Berlin, et travaille comme dessinateur de story-board et guide touristique. Après un séjour à Philadelphie, il suit des études de cinéma à l'Université de Munich à la fin des années 90. Il fonde en 1997 un magazine de cinéma, Revolver, et signe bientôt une poignée de courts métrages.
L'Imposteur a été produit par Bettina Brokemper qui, après avoir travaillé sur des films tels que Dogville ou La Fiancée syrienne, a fondé sa propre maison de production, Heimatfilm. Brokemper, qui connaît Christoph Hochhaüsler depuis l'Université, a souhaité que le projet soit mené à bien rapidement. "Nous voulions échapper à la lenteur usuelle des productions, pour que la spontanéité et l'énergie du premier exposé soit bel et bien ressenties dans le produit final.". Le cinéaste n'a pas attendu l'aide éventuelle des télévision pour se lancer. C'est ainsi qu'après seulement 30 jours de préparation, le film a été tourné en 20 jours, monté en 2 mois et mixé en quatre jours.
L'Imposteur fait le portrait d'Armin, un adolescent qui cherche sa place dans la société. A propos de ce personnage, le cinéaste précise : "Il court nettement moins vite que son ombre, c'est vrai. Mais il se bat quand même pour être vu, être reconnu, exister. C'est le thème du film : comment être visible ? Armin veut paraître dans ce monde, seulement il ne possède pas les moyens qui ont permis à ses frères de réussir. Il n'arrive pas à fonctionner comme eux (...) Sa vie n'est pas aussi catastrophique qu'on pourrait le penser. Je ne suis pas tellement loin d'Armin, par exemple. Nous ressentons tous le besoin d'apparaître dans le grand roman mondial."
Le thème de la famille, déjà présent dans Le Bois lacté, est central dans L'Imposteur. Le cinéaste s'explique : "Ma famille m'a évidemment marqué. Mais la famille m'intéresse surtout en tant que micro-société. Nous ne pouvons pas choisir notre famille. Nous sommes projetésdedans et nous devons y trouver notre place. L'univers familial contient en son sein un énorme potentiel dramatique. Et tout un chacun s'y retrouve, car nous avons tous vécu des expériences, finalement, semblables (...) Je connais bien cette famille Steeb. J'ai grandi à Munich, avec quatre frères et soeurs : trois garçons, deux filles. Je suis numéro quatre. Il y a énormément de différences avec la famille Steeb, mais le point de départ est comparable."
Le cinéaste évoque l'importance des lieux dans son film : "Dans “L'Imposteur”, ce sont ces non-lieux, comme l'autoroute, les toilettes publiques ou les champs en friche qui donnent de l'espace à Armin. Il se comporte autrement dans ces endroits. Il s'y sent libre. L'autoroute est une construction invisible fascinante. On se rend très vite compte, dès qu'on essaye de la prendre en photo, qu'elle disparaît facilement, sauf quand on est en voiture. C'est pour cette raison que nous avons décidé de tourner dans la région du Bas-Rhin, près de Mönchengladbach, car c'est une véritable cathédrale d'artères (...) L'autre monde, celui de la banlieue bourgeoise, a comme centre la maison d'Armin — posséder une maison, signe d'un bonheur parfait, est d'ailleurs la dernière utopie existante. Ce que j'essaye plus généralement de montrer dans mes films, c'est la manière dont les états d'âme, les angoisses, les émotions d'un personnage se révèlent au contact d'un lieu, ou lorsqu'il entre et évolue dans une pièce."