Grande admiratrice du chef d'oeuvre d'Albert Cohen, j'étais plus que sceptique à l'idée de découvrir l'adaptation de Glenio Bonder, et d'autant plus que je me suis laissée influencer par les sévères critiques à son égard. J'ai donc attendu huit ans...
Mais force est de constater que j'ai passé un très bon moment devant ce long-métrage. Glenio Bonder a conservé, à mon sens, les éléments identitaires et marquants du roman - du moins les mêmes que moi, que j'étais heureuse de retrouver en images.
Quant aux acteurs, un Solal châtain aux yeux bleus est un non-sens qu'il faut impérativement dépassé pour ne pas subir son jeu, au demeurant très crédible. Solal est un personnage intérieurement agité, toujours à gamberger, il est follement lucide, fougueux, amoureux : des traits que l'on retrouve chez Jonathan Rhys Meyers. J'ai lu des critiques qui l'estampillaient pervers narcissique, je n'ai pas retrouvé ce trait en lui. Il est possessif, comme elle, rongé par l'envie que ça dure toujours mais conscient que ça ne le sera pas, et cette réalité le rend impulsif.
Sa crise de jalousie est intense, mais moins violente que dans le livre
. La lecture de Glenio Bonder du personnage de Solal me paraît pleine de justesse, encore une fois si l'on écarte les traits physiques du personnage d'Albert Cohen (Solal est quand même censé être viril, imposant, magnifique, et typé. Ces quatre traits physiques ne sont pas conformes.)
De son côté, Natalia Vodianova est totalement convaincante ! Elle est tout ce qu'on attend d'Ariane : belle, touchante, impliquée, folle amoureuse de Solal, force de décisions.
Les décors sont sublimes, les prises de parti du réalisateur quant aux changements de lieux n'entravent en rien la lecture du film.