L’affaire Karen McCoy est un film pas mauvais de Mulcahy, mais qui a peut-être le défaut d’être relativement académique venant d’un réalisateur qui nous avait habitués à un style plus personnel.
L’interprétation est plutôt agréable. Kim Basinger trouve un rôle convenable, et l’interprète avec finesse. Elle livre une prestation très séduisante, tout en trouvant un bel équilibre entre le rôle musclé et l’émotion. Elle est un bon atout pour le métrage. A ses cotés Val Kilmer forme un bon duo avec Basinger. Il n’est pas exceptionnel, ayant en plus un rôle plutôt banal, mais il reste très pro et assure avec suffisamment de solidité pour ne pas dépareiller. Terence Stamp achève le trio d’acteurs principal, en s’avérant non moins convaincant. Il joue un méchant finalement plus complexe que ce à quoi l’on pouvait s’attendre au début, et je dois dire qu’il apporte du charisme à son personnage malgré au bout du compte une présence assez réduite.
Zach English mérite une mention honorable.
Le scénario a un point positif : il est sérieux, tout en rejetant la violence et la brutalité que l’on peut voir dans ce genre de film, et en choisissant souvent un second degré salvateur. Par ailleurs il introduit de belles surprises, avec un méchant beaucoup moins caricatural qu’il n’y parait, et une conclusion qui pourra surprendre (le règlement de compte étant original pour une fois). Malgré cela il faut reconnaitre que le film essaye d’introduire peut-être un peu trop de choses, et finit du coup par noyer un peu son intrigue principale, tout en ralentissant le rythme. Le film aurait presque pu se passer d’une vingtaine de minutes, à moins de donner plus d’action et plus de rebondissement, le métrage avançant de manière plan-plan, même s’il y a nettement pire.
Sur la forme, Mulcahy livre un travail sans aspérité, mais sans grande originalité non plus. On retrouve de temps à autre son esthétique alambiquée, avec des tournoiements de caméras et des cadrages en plongée ou contre-plongée qu’il affectionne, mais c’est relativement discret, et passager. La photographie de même lui permet de nous gratifier de quelques éclairages vifs et tranchés, mais dans l’ensemble c’est relativement sobre, bien que classieux et élégant. Les décors enfin sont tout à fait à la hauteur, sans être non plus exceptionnels. Ils ne sont peut-être pas pleinement exploités, je pense notamment à l’intérieur de la banque. Enfin le thème musical est pas mal mais ne reste pas en mémoire, ce qui signifie qu’il tient plus de l’accompagnement que d’une belle œuvre.
En clair, L’affaire Karen McCoy est un divertissement honorable, qui comme souvent chez Mulcahy, malgré ses faiblesses, reste correct et largement regardable. Plutôt mou, trop impersonnel sans nul doute, il ne se place pas dans le haut du panier des films de cambriolages, mais ne démérite pas non plus. Je lui accorde un 3.