Le Lièvre de Vatanen : les secrets du tournage

Le Lièvre de Vatanen est l'adaptation cinématographique du roman homonyme de l'écrivain finlandais Arto Paasilinna, dont l'oeuvre a été traduite dans près de 30 langues. Premier de ses romans, Le Lièvre de Vatanen est devenu un livre culte depuis sa traduction en France en 1989 et a déjà été vendu à plus de 160 000 exemplaires. Il est remis en vente depuis le 30 novembre 2006, aux Editions Denoël, à l'occasion de la sortie du long métrage en salles. Né en 1942 en Laponie, Arto Paasilinna fut successivement bûcheron, ouvrier agricole, journaliste, avant de devenir écrivain. La France (par le biais des Editions Denoël) a été historiquement l'un des tous premiers pays à traduire l'auteur scandinave et son succès a largement contribué à le faire connaître à l'étranger (24 pays depuis 1983).

Marc Riviere explique pourquoi il a choisi l'acteur Christophe Lambert pour incarner le personnage de Vatanen : "J'avais cette conviction qu'il était idéal pour le rôle, je trouve qu'il a dans sa morphopsychologie quelque chose de rare qu'on ne trouve pas chez un autre acteur. Il a ce mélange équilibré de romantisme, de naïveté juvénile et de physique possible pour une aventure pédestre à travers tout un continent et une nature plutôt hostile."

Il aura fallu pas moins de dix ans au réalisateur Marc Riviere pour donner naissance au projet Le Lièvre de Vatanen. Il revient sur cette genèse au long cours : "Depuis dix ans, il y a eu beaucoup de travail. J'ai avancé de façon irrégulière car je n'arrêtais pas de tourner. Mais pendant toute cette période, j'ai rêvé du film et j'ai tenté de le cerner au mieux, car adapter Arto Paasilinna n'est pas facile. Son univers est tellement décalé, surréaliste, et la culture finlandaise si différente de la nôtre... Il fallait donner un ton plus universel et plus populaire au film. C'est un processus de récit inhabituel et j'ai recherché une fluidité, à la fois cinématographique et mentale."

Christophe Lambert n'hésite pas à voir des ressemblances entre lui et son personnage de Vatanen : "Je ne suis pas un ermite, mais j'aime bien être seul. J'aime faire les choses dont j'ai envie, tranquillement. J'ai peu d'amis, mais ce sont de vrais amis, des gens que je respecte, que j'aime et en qui j'ai une totale confiance. Je ne suis régi, comme beaucoup de gens je l'espère, que par le coeur et le côté humain. L'apparence ne m'intéresse pas et ne m'a jamais intéressé."

Christophe Lambert évoque les filiations entre son personnage du Lièvre de Vatanen et celui qu'il incarnait dans Greystoke, la légende de Tarzan : "Dans Greystoke, la légende de Tarzan, il y a un type qui a été élevé avec des animaux et qui va vers une civilisation, et dans Le Lièvre de Vatanen un mec élevé dans une vie sophistiquée et qui va vers la nature et la simplicité. Pour survivre dans ce monde, il faut avoir beaucoup de détachement et se construire une espèce de bulle pour s'évader dans un univers imaginaire, ce que je fais très souvent. On dit toujours que les gens ont peur de la souffrance et du malheur, je n'y crois pas. Je pense qu'ils ont peur du bonheur car quand on l'a touché, on redoute qu'il ne se duplique pas, on a peur de le perdre. Si on faisait un Lièvre de Vatanen 2, Tom s'enfoncerait sans doute dans les problèmes. Il a touché à des choses tellement magnifiques qu'il aurait peur de les perdre. Le bonheur, c'est impossible à gérer."

Arto Paasilinna, l'auteur du roman Le Lièvre de Vatanen, se montre particulièrement satisfait de l'adaptation cinématographique de Marc Riviere : "J'ai été agréablement surpris par la beauté de la mise en scène, j'aime beaucoup les paysages filmés et plus spécialement le très mignon, charmant lièvre. Plus important encore, le film rejoint parfaitement l'esprit écologique du roman."

Le Lièvre de Vatanen marque la première expérience du chanteur et compositeur français Bénabar avec le milieu cinématographique. Pour le long métrage, il a composé et interprété la chanson L'Egaré volontaire. Le réalisateur Marc Riviere se souvient de leur collaboration : "Bénabar est un poète, une sorte de fils naturel de Brassens et de Montand. Je crois que c'est un inquiet de nature et il avait peur d'avoir trop de choses à faire, mais il m'a reçu très gentiment quand je suis allé le voir pour lui donner un DVD du film. On s'est revu le lendemain et c'était parti. A ma plus grand joie, il a accepté le projet tout de suite."