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    Le Pressentiment
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Le Pressentiment" et de son tournage !

    Présenté à Venise

    Le Pressentiment a été présenté en 2006 à la 63e Mostra de Venise, dans le cadre de la Semaine de la Critique.

    Le réalisateur, un "porte-parole"

    Pour Jean-Pierre Darroussin, le désir de passer la caméra ne date pas d'hier : "J'ai voulu réaliser depuis que j'ai débuté en tant qu'acteur", confie-t-il. "Quand j'étais au Conservatoire mon professeur Marcel Bluwal m'avait dit un jour : "Toi, tu finiras metteur en scène". Mais je me suis longtemps considéré comme illégitime pour exercer ce métier-là, à cause sans doute d'un complexe issu de mes origines plus que modestes, très pauvres, ouvrières, incultes, sans aucune revendication artistique. Il n'y avait pas un livre chez moi. Je ne me sentais donc pas le tempérament de la revendication de la parole. Or être réalisateur, c'est être porte-parole de quelque chose en général. Et moi je ne trouvais pas au plus profond de moi la légitimité que le monde m'appartenait suffisamment pour pouvoir prendre une part de pouvoir. Il y a des gens pour qui c'est naturel, pour moi ça ne l'est pas. Je suis plutôt empêtré avec la parole, avec le langage."

    Bove à l'écran

    Le Pressentiment est l'adaptation du roman homonyme d'Emmanuel Bove, paru en 1935 chez Gallimard. Né à Paris en 1898 dans un milieu modeste, cet auteur longtemps méconnu (qui sera redécouvert dans les années 70) décide à l'âge sera 14 ans qu'il sera écrivain. Après une scolarité peu brillante, il multiplie les petits boulots avant de partir en Autriche, où il écrits ses premiers textes, remarqués par Colette. Grâce à celle-ci, il publie en 1924 son premier roman, Mes amis, portrait d'un invalide de guerre solitaire et oisif. Suivront des dizaines d'ouvrages, dans lesquels Bove dépeint avec subtilité le quotidien de personnages ordinaires. Il disparaît en 1945, des suites d'une pleurésie. Avant ce film de Jean-Pierre Darroussin, aucun de ses romans n'avait été porté à l'écran. Signalons cependant une adaptation télévisée du Piège, réalisée par Serge Moati avec André Dussollier, et diffusée en 1991.

    Le souvenir d'un "pressentiment"

    Jean-Pierre Darroussin parle de ce qui l'a séduit dans le roman d'Emmanuel Bove : "(...) ce livre, que j'ai lu il y a vingt ans, est resté imprimé en moi depuis. J'avais gardé le souvenir d'un récit assez mystérieux, hanté d'éléments troublants comme, par exemple, la façon dont les personnages évoluent, et notamment le héros qui parvient à s'abstraire du réel dans le sens où il ne vit pas la situation qui existe autour de lui. Il est comme sur une scène de théâtre, il y circule sans être apparemment concerné par le monde. Pour moi, la problématique traitée par Emmanuel Bove est la manière dont on ne parvient pas à comprendre, à maîtriser son existence."

    L'affranchi

    Le réalisateur ne se sent pas très éloigné du personnage qu'il interprète dans le film : "(...) J'essaie toujours de rester dans un état d'affranchissement d'une codification trop élaborée de notre société où tout est trop standardisé, dans laquelle il faut essayer de correspondre au schéma qu'on a tenté de vous inculquer et de m'inculquer", avoue-t-il. "C'est pour cette raison qu'il y a à la fin du film une réplique écrite à propos du personnage que je joue : "Il était quand même un peu spécial". Cette phrase je l'entends souvent à mon propos."

    Déclassement tous risques

    Jean-Pierre Darroussin établit une comparaison entre sa propre situation sociale et celle de son héros : "(...) si ce sujet m'a, comme ça, tenu sans que je le sache pendant si longtemps, si j'y suis revenu, je pense que c'est aussi parce que c'est un sujet sur le déclassement que j'ai vécu dans ma vie et à travers mon métier. Etre acteur m'a amené à savoir vraiment ce que c'est que d'être issu d'un milieu et d'aller vers un autre. Moi aussi j'ai changé de classe sociale, j'ai vécu un processus d'ascension sociale, et je ne savais pas ce que j'allais y gagner. Le héros du Pressentiment vit le contraire. Il sait ce qu'il abandonne en allant dans une classe socialement moins riche. La vie est tellement différente quand on vit dans la protection et le confort, a contrario elle est plus dure, plus âpre pour tout. La beauté par exemple fait que l'existence est beaucoup plus simple, aimable, reposante. Quand vous habitez dans un lieu avec une vue magnifique vous êtes déstressé assez naturellement, en communion avec le monde alors que lorsqu'on nage au milieu de la vulgarité, c'est beaucoup plus difficile de se dépêtrer de ses aliénations. Donc en se déclassant volontairement, le héros du Pressentiment est un véritable aventurier."

    Stroh, adorable voisine ?

    Jean-Pierre Darroussin a écrit le scénario en compagnie de Valérie Stroh, comédienne vue notamment chez René Féret et Jérôme Bonnell. Elle a elle-même réalisé un long métrage, Un homme et deux femmes, en 1991. Voisins dans Le Pressentiment (l'actrice joue le rôle de la peu sympathique Isabelle Chevasse), les deux acteurs s'étaient déjà donné la réplique dans Mille millièmes, la "fantaisie immobilière" de Rémy Waterhouse, sortie en 1992.

    Clin d'oeil aux "copains"

    A la fin du film, une serveuse lance au héros, qui a oublié de payer : "Il n'y a pas mort d'homme". Cette réplique était prononcée à l'envi par Jean-Pierre Darroussin, alias Dany, le beatnik ahuri de Mes meilleurs copains, la comédie de Jean-Marie Poiré. Hasard ou clin d'oeil ? "C'est fait exprès sans le faire exprès parce que Valérie Stroh , qui a écrit cette dernière réplique, l'a fait sans connaître Mes meilleurs copains", précise le réalisateur. "Donc quand elle m'a proposé ce dialogue, ça a fait immédiatement tilt dans ma tête. J'ai hésité à le garder, par pudeur, puis je me suis dit que finalement c'était un raccourci formidable. Et si ça fait une petite complicité, un clin d'oeil avec le spectateur, ce n'est pas plus mal. Car ces deux personnages possèdent effectivement le même décalage, ils ne cherchent ni l'un, ni l'autre, à imposer quoi que ce soit aux autres. Du coup ils se retrouvent être inquiétants pour les autres !"

    A la vie, à la mort !

    Pour la photographie, Jean-Pierre Darroussin a fait appel à un chef-opérateur qu'il connaît bien : Bernard Cavalié a en effet travaillé sur plusieurs films de Robert Guédiguian (Marius et Jeannette, La Ville est tranquille ) dans lesquels a joué l'acteur-réalisateur, un des piliers de la "famille" qui entoure le cinéaste marseillais

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