C'est en 2001 que le scénariste Zach Helm a eu l'idée d'écrire les aventures d'un homme entendant la voix d'une narratrice dans sa tête : "J'avais envie de raconter l'histoire d'un homme qui découvre la vie juste avant de la perdre. Il y a quelque chose de poétique dans la compréhension de la place qu'on occupe dans le monde et la découverte du sens de sa vie. Mais c'est bien plus dramatique lorsqu'une telle prise de conscience se produit quelques jours seulement avant la fin..."
Après Neverland (2005), le réalisateur Marc Forster s'intéresse à nouveau à la frontière entre réalité et illusion, qui est l'une des thématiques au coeur de son oeuvre : "Dans cette histoire, j'ai aimé qu'au-delà de l'originalité de la situation du personnage principal, ce soit aussi une enquête amusante et profondément émouvante sur la façon dont nous construisons notre réalité. (...) J'essaie toujours de faire des films qui ne soient pas de simples divertissements, qui apportent de l'émotion et vous inspirent."
L'Incroyable destin de Harold Crick ne se contente pas d'être une comédie fantaisiste comme le précise la productrice Lindsay Doran : "Nous avons en plus donné à cette histoire l'aspect d'un thriller. C'est en fin de compte l'histoire d'un homme qui essaie d'empêcher son propre meurtre, et il y a un vrai suspense. (...) L'une des choses que j'apprécie vraiment dans l'écriture de Zach Helm, c'est sa capacité à mélanger ce qui est drôle avec ce qui bouleverse. Certains des moments les plus réjouissants du film naissent de ses questions les plus profondes, et la séquence finale est un magnifique hommage aux petites choses de la vie qui sont, finalement, notre salut."
Zach Helm a pris un malin plaisir à truffer son scénario de petits clins d'oeil que le cinéphile peut tenter de relever. Les noms des personnages en sont l'exemple parfait, puisque Crick, Pascal, Eiffel, Escher, Banneker, Kronecker ou encore Cayly sont, en réalité, des noms de mathématiciens connus pour avoir élaboré une réflexion sur l'ordre interne des choses. " De Pirandello à Brecht, Wilder, Stoppard, Woody Allen et Wes Anderson, on assiste à la progression d'une vague de littérature dramatique contemporaine consciente d'elle-même, qui déforme volontiers la réalité et implique le public. J'aime voir Homer Simpson interpeller son créateur, Matt Groening... Pour L'Incroyable destin de Harold Crick, j'invite le public à participer émotionnellement, non seulement à l'histoire en train de s'écrire, mais à la manière dont elle s'écrit. ", précise le scénariste.
C'est le comique incontournable aux Etats-Unis, Will Ferrell (Présentateur vedette : la légende de Ron Burgundy, Elfe), qui a été choisi pour incarner le discret et brillant fonctionnaire du fisc Harold Crick. L'acteur revient sur sa prestation qui pour la première fois s'éloigne des personnages délirants dans lesquels il s'est fait connaître : "J'ai ressenti un lien immédiat avec Harold. Il y a quelque chose dans sa solitude, dans son urgence à se libérer de ses habitudes pour s'en sortir qui m'a touché. J'ai aussi aimé l'idée de devenir cet homme aux manières douces. Presque tout ce que j'ai fait jusqu'ici a été de la comédie pure et dure, de la farce, du burlesque. Ce film représente un grand changement, et en plus c'est l'un des meilleurs scénarios que j'ai jamais lus. Il aborde de grands thèmes avec de très belles touches d'humanité et d'humour."
L'actrice britannique Emma Thompson, qui incarne la romancière Karen Eiffel, est une habituée de l'écriture puisqu'elle est également scénariste. Son scénario de Raison et sentiments a d'ailleurs été récompensé par un Oscar en 1996.
A l'image du personnage qu'il incarne, Will Ferrell a lui aussi entendu une petite voix dans sa tête durant l'intégralité du tournage. En effet, Emma Thompson avait préenregistré la narration que l'acteur écoutait tout en jouant ses scènes à l'aide d'un minuscule écouteur dissimulé dans son oreille : "Emma a une très belle voix. C'était assez étrange de l'entendre dans ma tête, mais cette impression curieuse servait à merveille le jeu.", précise le comédien.
Le réalisateur, Marc Forster, explique s'être ouvertement inspiré de l'esthétique du film français de 1967, Playtime de Jacques Tati : "Playtime a été l'un des premiers films qui me sont venus à l'esprit quand j'ai réfléchi à la manière dont j'allais visualiser le scénario. J'ai toujours aimé ce film, surtout la manière dont Tati a réussi à créer un monde. Cela s'accordait parfaitement aux bureaux du fisc, avec ces petits cubes gris qui s'étirent à l'infini, comme une vision de la vie sans issue, où personne ne peut sortir de la routine."
L'un des effets visuels les plus importants de L'Incroyable destin de Harold Crick est celui utilisé pour montrer les rouages de l'esprit matheux de Harold qui prend la forme d'une "interface graphique utilisateur" ou "GUI". Le réalisateur Marc Forster précise à ce sujet : " L'objectif était de traduire les habitudes compulsives de Harold Crick du scénario à l'écran. Les GUI sont un moyen de visualiser l'intérieur de son esprit. Ce sont de simples images composites à deux niveaux de graphiques 2D, placées et éclairées afin de s'insérer dans les plans de manière aussi indétectable que possible. Les GUI sont la super-puissance de Harold, et comme tout bon super-héros, il n'en parle à personne, même pas à son meilleur ami."