Présenté dans de nombreux festivals, le film a récolté plusieurs récompenses. Au festival de Berlin, il a reçu le Prix CICAE - art et essai, au festival de Jérusalem Michale Boganim a obtenu le prix de la meilleure réalisatrice, enfin au festival cinéma du réel, le prix Louis Marcorelle.
Le film s'articule autour d'une ville, d'un lieu. Cette ville devient au fil du film un personnage à part entière. Un endroit à la fois inaccessible et imaginaire. Odessa est le fil rouge du documentaire même si le sujet est davantage une réflexion sur le sentiment d'exil, et l'attachement charnel à la terre de son enfance.
Dans le film, un des personnages dit : "un toast pour Odessa Mama, parce qu'il n'y a pas de meilleur mère. Les protagonistes développent des sentiments d'attachement forts pour leur ville d'origine et lui attribuent un rôle maternel tandis que "Brighton Papa" symbolise leur pays d'adoption, New York.
L'idée du voyage et du mouvement contruit le film. Les trois villes que sont Odessa, New York et Ashdod sont des ports. La fuite du temps, le mouvement des populations, le voyage en bateau, personne n'est vraiment à sa place. Les personnages sont toujours entre deux espaces, entre deux temps, entre deux voyages...
La réalisatrice Michale Boganim explique que la lecture des Contes d'odessa d'isaac Babel l'a inspiré pour tourner le film. "Puis le voyage que j'ai entrepris sur les lieux m'a amené à rencontrer des personnages qui avaient le même humour, la même exubérance, les mêmes expressions, les mêmes gestes que ceux évoqués dans ces contes. (...) L'Odessa d'Isaac Babel, le quartier appelé Moldavenka, est aujourd'hui déserté, laissant un fort sentiment d'abandon et de vide. La vitalité d'Odessa telle qu'elle est décrite chez Isaac Babel, nous la retrouvons dans Little Odessa, à New York et à Ashdod, des lieux crées de toute pièces, un Odessa qui n'existe plus".
Dans le film on retrouve trois variations sur le même thème, donc trois couleurs :
Bleu gris pour Odessa que Pouchkine avait nommé la ville poussiéreuse. Le lieu chargé d'histoire a quelque chose d'une beauté fanée.
Rouille pour Little Odessa, une couleur qui rappelle la couleur brique des immeubles de Brighton Beach.
Blanc surexposé à Ashdod. Cette ville champignon, aux abrod du désert, s'est construite très rapidement au fil des immigrations. Une ville sans visage dont les rues n'ont même pas d'identité. La lumière et la chaleur écrasante sont autant d'éléments hostiles pour des gens aui arrivent tout droit d'Odessa.
Au dire de la réalisatrice, la phrase de Paul Celan : Dans l'air demeurent tes racines, là dans l'air... lui a donné l'idée d'aller à Odessa filmer les dernières traces d'un monde qui disparaît. En effet, les exilés Odessites qui vivent à Brighton Beach ou à Ashdod sont les dernières générations, ceux qui suivront seront Américains ou Israliens.
Odessa fait partie de ces lieux aux noms incantatoires. Ville mythique, elle fut entre autre le berceau de la culture Yiddish. Mais Odessa n'est pas le seul mythe de ce film. L'Amérique comme nouvel Eldorado, et Israel, paradigme mythique de la Terre Promise, sont deux autres pôles du film. Le paradis perdu n'est pas forcément Odessa mais peut être aussi l'Amérique ou Israël.