Au départ, Les Films Hatari, qui ont produit une quinzaine de films (courts et moyens métrages) réunis dans la collection "Portraits", ont demandé à Philippe Katerine de s'atteler à la réalisation d'un court-métrage qui s'inscrirait dans cette collection. Il a donc réalisé 1 Km à pied. Ayant pris goût à la caméra, l'apprenti réalisateur s'est dit emballé par cette expérience et à décidé de la prolonger : cela a donné Peau de cochon. Le titre fait d'ailleurs écho au documentaire de Jean Eustache, réalisé en 1970 et intitulé Le Cochon.
En 1973, le premier film de Jean Eustache, La Maman et la Putain, faisait déjà parler de lui pour son ton provocateur et ses dialogues crus. C'est après le visionnage de ce film que Philippe Katerine a décidé de faire de la chanson. Son album Mes mauvaises fréquentations est d'ailleurs inspiré du titre du premier court-métrage d'Eustache réalisé fin 1963.
La technique, c'était une grande première pour Philippe Katerine. Tourné en DV caméra à l'épaule, ce qui a pu faciliter l'improvisation, le réalisateur s'est imposé quelques contraintes : tourner en plan-séquence sans lumières additionnelles. Le réalisateur s'explique sur la "découverte" de l'outil filmique : "C'est la caméra qui fait le point comme mes yeux, automatiquement, j'avais dans l'idée que la caméra, c'était mes yeux, qu'elle allait faire le point. [...] La technique devient une amie." Un tournage très libre dont les dialogues ont été improvisés. Il fallait les "inventer". Au final, Katerine livre un film très personnel, brut et authentique.
En parallèle à sa carrière de chanteur dandy, Philippe Katerine, de son vrai nom Philippe Blanchard, a signé la bande originale du film des frères Larrieu, Un homme, un vrai. Il a par ailleurs joué dans un court-métrage de son ami et réalisateur Thierry Jousse avec Anna Karina. Côté musique, il a co-écrit et composé les deux derniers albums de sa compagne Helena Noguerra, Azul et Née dans la nature.
Tel Serge Gainsbourg qui en son temps a fait chanter les plus grandes actrices françaises, Philippe Katerine a fait de même en invitant Anna Karina, actrice danoise égérie de la Nouvelle vague, à collaborer avec lui. Ensemble, ils vont accoucher d'un album intitulé Une Histoire d'amour, sur lequel figurent des nouveaux et des anciens titres de la chanteuse-comédienne qu'il vont reprendre en duo. Cette fructueuse collaboration s'achèvera par une tournée à guichets fermés en l'an 2000.
D'où vient ce besoin vital de filmer? La question se pose pour tout cinéaste qui se respecte. Pour Katerine, c'est lié au "besoin de reconstituer quelque chose, de faire en sorte que quelque chose existe." Comme un "désir de revivre certaines choses. Chercher à reconstruire un tableau qui existe dans la tête et qu'on veut revoir. Reconstituer un état. Choisir des personnes et les mettre dans une situation qu'ils ont déjà connue. [...] Le fait de réunir ces personnes-là dans un endroit précis, fait qu'il y a une fulgurance, qui existe autant avec une caméra que dans la vie. L'idée c'était de ressaisir ces moments-là et les enregistrer d'une façon compulsive et presque dramatique. Je me suis comporté un peu comme ça, comme un enfant un peu capricieux qui veut retrouver quelque chose de peur que ça lui échappe."