Malgré toute la sympathie qu’on peut avoir pour Pierre Richard et Aldo Maccione, force est de constater qu’ici ça ne fonctionne pas. Très peu de choses fonctionnent d’ailleurs.
Déjà, l’histoire ne tient pas du tout. Ok, il y a des comédies qui peuvent s’en passer, mais le concept de Richard, qui ici vire volontiers vers la comédie d’aventure ne le peut pas car c’est le seul liant qu’il pouvait trouver aux facéties désordonnées et sans cohésion auxquelles on assiste. On va dire que pendant 20 minutes ça se tient à peu près, et puis ensuite ça avance au petit bonheur la chance, au gré des gags que nous orchestre Richard.
Le souci c’est que l’humour fonctionne rarement. Répétitifs, souvent très rebattus (Richard cite pratiquement certains de ses propres films !), les gags semblent parfois vouloir parodier des genres comme le vaudeville, mais ça marche tellement peu qu’on dirait que ça se prend au premier degré ! Autant dire que le gag « amant dans le placard » au premier degré c’est plus du cliché ! En clair Richard loupe ses effets, avec de vrais ratages qui laissent parfois gêné car en plus l’acteur-réalisateur insiste volontiers, et s’enfonce d’autant plus (la scène avec les poteries). Pas drôle donc, balourd, et foutraque, là il y a un gros souci.
Le casting n’y peut pas grand-chose. Bien que charmante, Valérie Mairesse est très sous-utilisée, et Richard et Maccione monopolise l’écran. Si le second s’en tire pas mal dans un rôle qu’il connait par cœur (il joue pratiquement son propre rôle d’ailleurs), en revanche Richard n’est pas bon. Il tente de nous servir son personnage lunaire habituel, mais ici c’est forcé, ça manque de fraicheur, d’involontaire en fait. On sent qu’il fait exprès, et c’est très mauvais compte tenu de l’humour qu’il pratique, et qui consiste justement à faire oublier le côté joué. Quelques seconds rôles corrects mais très sous-utilisés là-aussi ne viendront guère rééquilibrer les choses.
Sur la forme, Ce n’est pas moi c’est lui utilise assez bien ses décors exotiques, et c’est là qu’on sent vraiment que le film lorgne vers le genre aventure d’ailleurs. Maintenant, la mise en scène de Richard n’est pas spécialement punchie ou inventive, et on se retrouve donc devant un joli album touristique, servit par une musique assez peu marquante, dans lequel il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent.
En clair, un ou deux gags à retenir, mais Ce n’est pas moi c’est lui est de loin le moins bon film de Pierre Richard qui s’enlise totalement ici, aussi bien comme réalisateur que comme acteur. Dommage pour Maccione et Mairesse, dommage aussi pour lui, mais là ce n’est réellement pas digeste. 1