La Visite : les secrets du tournage

L'idée de réaliser La Visite, qui s'intéresse à la vie des gens le long du train Thalys, est venue à Nicolas Guicheteau après qu'il ait fait la connaissance de Joanna Grudzinska, mais surtout après qu'il ait effectué plus de dix ans de voyages entre Paris et Bruxelles. Il explique : "J'ai voulu tourner La Visite pour mettre un terme à des allers-retours purement logistiques et économiques. Avoir parcouru cette distance dans tous les états, de jour comme de nuit, été comme hiver, a transformé ce lieu, ce temps, en un lien que je voulais établir avec plus d'acuité et de précision. Qui est ici ? Qui est là-bas ?"

"Etre et vivre dans les deux villes a été encouragé par l'apparition du Thalys mais le besoin de s'arrêter entre elles pour découvrir un lieu quasi déserté est apparu, avec un fantasme d'ubiquité. Si je pouvais être là et ailleurs sans contrainte, je dessinais moi-même un lien. Ce lien, finalement, était-ce moi ? Etait-ce un double fantasmé ? Etait-ce une histoire ? Celle que je décidais de raconter."

Le réalisateur Nicolas Guicheteau revient sur le déroulement du tournage de La Visite et les rencontres que celui-ci a provoqué : "Le film a commencé par d'importants détours le long de la voie du Thalys. Nous avons parcouru la campagne en rencontrant des familles décimées par l'apparition du train rapide, expropriées, indemnisées, démolies, séparées, oubliées. Des vies, qui à quelques mètres d'une révolution technologique, apprenaient à leurs dépens les règles de l'efficacité et les nouvelles dimensions d'une grande Europe en construction. Après plusieurs semaines passées à rencontrer ceux qui habitent le long de la voie, nous avons compris que l'apparition d'un personnage de fiction permettrait de faire un film AVEC eux plus que SUR eux."

La Visite fait partie de la Collection Décadrages, qui regroupe quatre moyens métrages sortant en salles au mois de mars 2005 : La Visite, Mystification ou l'histoire des portraits, Blonde et Brune et La Peau trouée.