Ce film ne peut intéresser que ceux qui connaissent et sont sensibles à laffaire Ben Barka. Il y avait pourtant matière à faire un bon polar, avec cette incroyable histoire et ces très bons comédiens, mais le film en tant que tel nest pas bon, il est froid, avec des dialogues qui souffrent dune musique écrasante, style Ascenseur pour léchafaud. En 1965, Georges Figon, sorte de demi-sel affranchi par des années de prison, se voit confier la mission de produire un film documentaire sur la décolonisation, écrit par Marguerite Duras et réalisé par Franju (tous deux savamment manipulés bien malgré eux). Toute lastuce consiste à obtenir la collaboration du célèbre opposant marocain, Mehdi Ben Barka, qui serait engagé comme « conseiller historique ». Il sera enlevé devant la brasserie Lipp, alors quil se rend au premier rendez-vous avec les protagonistes du film, qui nest quun piège monstrueux. Il est probable que cet enlèvement, certainement suivi de tortures et dun meurtre, na pu se faire quavec laide complice de la police et des services secrets français, ou du moins, de certains « barbouzes » et à linitiative des services marocains appuyés par la CIA. Le corps de Ben Barka nayant jamais été retrouvé, de nombreuses zones dombre subsistent, accentuées par un long procès qui aboutira à des condamnations par contumace, notamment dOufkir. Le titre du film est le titre de la confession que fit Figon au journal LExpress en janvier 1966, quelques jours avant
dêtre assassiné, ce qui fera éclater le scandale et ébranlera le pouvoir gaulliste.