A propos du film, Duvivier, adaptant Simenon, disait se désintéresser du suspens lié à l'intrigue criminelle pour ne se consacrer qu'à l'étude psycologique des personnages, principalement du meurtrier interprété par le méconnu et atypique Valery Inkijinoff. De fait, le polar témoigne d'un réalisme certain, fondé d'abord sur l'observation de la technique et de l'intelligence policière puis, donc, sur la personnalité des protagonistes.
Radek Assassine une riche américaine et prétend avoir commis le crime parfait, notamment en piégant un comparse, pauvre bougre vite arrété mais à la culpabilité duquel le commissaire Maigret ne croit pas.
Pour autant, la dimension humaine et psychologique qui étoffe utilement le rôle de Radek, n'est par forcément ce que l'on retiendra du film. On est plus sensible finalement à la noirceur et au sentiment de pessimisme qui percent, comme généralement dans la mise en scène de Duvivier. On appréciera aussi la modernité de l'interprétation, celle d'Inkijinoff, celle d'Harry Baur, dans le rôle de Maigret, dont l'économie de parole traduit tour à tour la bonhomie et la gravité de son personnage. Maigret, encore débutant au cinéma, va comme un gant à l'acteur; le commissaire est ici un personnage plutôt effacé, pas encore la star de ses films, au profit de la personnalité "baroque" du criminel.