Mon compte
    Mon petit doigt m'a dit
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Mon petit doigt m'a dit" et de son tournage !

    Unis comme les doigts de la main

    C'est le troisième film consécutif que tourne Pascal Thomas en compagnie de Catherine Frot. Avec La Dilettante, succès-surprise de l'été 1999, la comédienne est en haut de l'affiche pour la première fois de sa carrière : sa composition de provinciale pleine d'esprit et de bon sens marque les esprits. L'actrice prend part ensuite à Mercredi folle journée, film choral dans lequel elle se livre à une bruyante scène de ménage avec Vincent Lindon. Notons également la présence, dans un second rôle, de Maurice Risch, qui a déjà tourné à trois reprises avec le cinéaste (Nono Nénesse, Un oursin dans la poche et Mercredi folle journée)

    Confidences pour confidences

    Auteur de comédies (Les Zozos, Les Maris, les femmes, les amants ), Pascal Thomas explique ce qui l'a attiré dans ce roman policier d'Agatha Christie : "Réaliser des films ironiques, des comédies, c'est d'abord sentir l'absurdité du monde et son irréalité. Il est donc logique qu'on se sente attiré par la représentation des forces obscures, par les charmes du nocturne et par le mystère (...) Une des raisons qui m'a conduit a vouloir adapter Mon petit doigt m'a dit... tient à la singularité de son atmosphère : derrière les paysages les plus paisibles, derrière les visages les plus aimables, les monstruosités peuvent surgir. C'est le principe même du double, la matière même du suspense.""Etablissant un parallèle avec un film antérieur, il note à propos des protagonistes du film : Prudence et Bélisaire ont en commun avec le personnage de La Dilettante cette distance ironique, ce désir "wildien" de ne pas peser sur les autres, ce goût de la formule." Pour la télévision, le réalisateur avait adapté des oeuvres littéraires en 1979, du Labiche (Un coup de rasoir ) et du Marcel Aymé ("La Fabrique, un conte de Noël").

    Un projet ancien

    L'idée d'adapter Mon petit doigt m'a dit... remonte à plus de 25 ans, confie Pascal Thomas : "A l'époque, mon camarade Jean-Pierre Dionnet et moi faisions le siège des différents responsables de la production. Nous leur proposions des auteurs comme Léo Pérutz, que j'avais fait traduire, Théodore Sturgeon, des récits fantastiques de Maeterlink et de Henri de Régnier, des nouvelles effrayantes d'Agatha Christie. et quelques-uns de ses romans. J'avais été assez loin dans la mise en oeuvre de Mon petit doigt m'a dit... puisque j'avais pris une option sur les droits. Rosalinde, la fille d'Agatha Christie que j'avais rencontrée à Londres me les avait cédés à un prix très modeste, avec en prime le lot des nouvelles. Il faut dire que c'était une femme joyeuse : l'accord s'était conclu après un dîner bien arrosé, ce qui avait navré les personnes chargées de ses intérêts !"

    Aux petits oignons

    Pascal Thomas a porté un soin tout particulier à la distribution. Savoureuse galerie de portraits, Mon petit doigt m'a dit réunit des comédiens aux parcours très différents et qui, pour la plupart, ont été peu vus sur les écrans ces dernières années. Aux côtés du couple vedette Frot-Dussollier, on croise ainsi des monstres sacrés du théatre (Francoise Seigner, Laurent Terzieff, Bernard Verley), un sex-symbol des années 80 (Valérie Kaprisky, méconnaissable dans le rôle d'une bigote), deux illustres Canadiennes (Alexandra Stewart et Geneviève Bujold) ou encore un acteur comique très populaire dans les années 70 (Maurice Risch). Ce film marque également la première apparition au cinéma de Sarah Biasini, fille de Romy Schneider, vue sur le petit écran en 2004 dans Julie, Chevalier de Maupin, et qui campe ici la fille de Catherine Frot. Quant à l'ex-PDG de Canal + Pierre Lescure, aperçu en 1982 dans Le Quart d'heure américain, il trouve ici son premier vrai rôle, celui d'un commissaire débonnaire.

    Adaptation

    Le cinéaste revient sur le travail d'adaptation du livre d'Agatha Christie, et le passage d'un univers anglais aux paysages d'Aix-les-Bains et du lac du Bourget, qui servent de décors au film : "Il fallait rester dans l'esprit des climats propres à Agatha Christie, sans tomber dans la rêverie "anglicisante". Tuppence et Tommy Beresford sont rebaptisés Prudence et Bélisaire, ils ne sont pas habillés par des tailleurs anglais, mais par un Italien, Cifonelli, et ne boivent pas de thé. L'excellente lumière de Renan Pollès (...) s'attache, par un travail subtil entre l'ombre et les basses lumières, à créer différentes atmosphères sans jamais s'approcher des douceurs de la lumière anglaise ; les décors, créés avec Katia Wyszkop, ont une richesse et un équilibre baroque plus italien qu'anglo-saxon (...)"

    Thomas, cinéaste hédoniste

    Pascal Thomas expose son point de vue sur le 7e art : "Le cinéma est une des formes du bonheur. Il doit procurer des moments heureux au spectateur. Il y a deux phrases qui n'ont certainement l'air de rien mais qui pourraient exprimer l'intention précise du film, l'une dite par le curé pendant les préparatifs de la kermesse : "C'est un spectacle sans prétention. Un mélange de féérie et de chansons. C'est pour les enfants." L'autre, par le médecin psychiatre : "Il s'agit d'un cas d'amnésie passéiste et euphorisante, seuls les souvenirs heureux reviennent en grand nombre... Disons que c'est un peu ce qui a présidé secrètement au choix de beaucoup de scènes du film."

    Thomas connaît la chanson

    La musique contribue à créer l'atmosphère très particulière d'un film qui a tantôt les allures d'une comédie loufoque, et tantôt celles d'un polar glaçant. On entend à plusieurs reprises une chanson, Les Pecheurs de perle, un air de Bizet que le cinéaste avait glissé dans une séquence, finalement coupée au montage, de son film Les Maris, les femmes, les amants (1989). Cet air, qui correspond au pôle "solaire et sentimental" du film, a pour fonction de "souder la complicité du couple, explique Pascal Thomas. Celui-ci a par ailleurs souhaité intégrer au scénario une comptine -signée de son compositeur Reinhardt Wagner - qui revient tout au long du film et renvoie, elle, au pôle "troublant et presque maléfique" de Mon petit doigt m'a dit.... "Ce thème laisse, je l'espère, une forte impression au spectateur. Ses harmonies grincent, créent une sorte de trouble. C'est une comptine qui ramène autant à l'enfance qu'aux peurs de l'enfance", explique-t-il.

    Adorable monteur

    Pascal Thomas tenait à ce que son film, tourné en 35mm, soit monté sur des tables 35 avec double bande magnétique. Il explique son goût pour ce travail "à l'ancienne" : "C'est la méthode la plus sensible et aussi, quoi qu'on en dise, celle qui se révèle la plus économique et surtout, celle qui vous laisse en contact physique, je dirais même charnel, avec le film."C'est aussi une façon pour le cinéaste de refuser "l'hystérie "montagière", l'accumulation de trop nombreux plans trop courts vers laquelle tendent beaucoup de films montés dans l'isolement sur des bancs de montage AVID. La méthode traditionnelle qui "semble" aujourd'hui, aux supposés modernes, une curiosité (les gens du studio défilaient pour nous regarder travailler, un peu comme des animaux dans un zoo), je ne suis désormais plus le seul à en avoir conservé la pratique. Même Spielberg y revient.

    Christie à l'écran

    Avec plus de deux milliards et demi d'ouvrages vendus à travers le monde, Agatha Christie est le deuxième auteur le plus lu, après William Shakespeare. Son oeuvre a donné lieu à des dizaines de films, à partir de la fin des années 20. L'auteur elle-même considérait que la première adaptation réussie était Témoin à charge de Billy Wilder (1957). Dans les années 70, plusieurs films, bénéficiant d'une distribution prestigieuse, ont été tournés à partir des polars de Christie : citons Dix petits nègres de Peter Collinson avec Richard Attenborough, Charles Aznavour et Oliver Reed en 1974, Le Crime de l'Orient-Express de Lumet avec entre autres Albert Finney, Lauren Bacall et Ingrid Bergman (1974), Mort sur le Nil de Guillermin, avec Peter Ustinov, Jane Birkin et Bette Davis (1978) ou encore Le Miroir se brisa de Hamilton avec Tony Curtis, Rock Hudson et Kim Novak (1980). Avant Pascal Thomas, aucun réalisateur français n'avait porté à l'écran un roman de la reine du suspense, si on excepte René Clair dans sa période américaine (Dix Petits Indiens en 1945) et, encore avant, Jean Kemm en 1932 (Le Coffret de laque). Depuis, Pascal Bonitzer a tourné Le Grand alibi, d'après Le Vallon. Jusqu'en l'an 2000, les héritiers de l'écrivain exigeaient des cinéastes une fidélité scrupuleuse aux romans d'origine (l'action devait par exemple forcément se dérouler dans les années 20 à 60), ce qui a pu freiner les ardeurs de certains. Le petit-fils d'Agatha Christie a, depuis, déclaré que sa famille ne s'opposerait plus à des adaptations plus libres.

    Les secrets de tournage des films les plus populaires lors des 30 derniers jours
    • Gladiator II (2024)
    • L'Amour ouf (2024)
    • The Substance (2024)
    • Juré n°2 (2024)
    • Vaiana 2 (2024)
    • Anora (2024)
    • Monsieur Aznavour (2024)
    • En fanfare (2024)
    • La Plus Précieuse Des Marchandises (2024)
    • Louise Violet (2024)
    • Trois amies (2024)
    • Finalement (2024)
    • Flow, le chat qui n’avait plus peur de l’eau (2024)
    • Le Royaume (2024)
    • Here – Les plus belles années de notre vie (2024)
    • Le Panache (2024)
    • Conclave (2024)
    • La Vallée des fous (2024)
    • Le Comte de Monte-Cristo (2024)
    • En tongs au pied de l'Himalaya (2024)
    Back to Top