Je ne saurais être complètement objectif, puisque je n'ai tenu que 44 minutes.
Ici, tout semble être pensé et calibré pour nous émouvoir, nous faire pleurer et nous éblouir. C'est de la grosse drague bien lourde: il faut nous séduire à tout prix et Cameron ne recule devant aucun cliché, aucune caricature, aucun effet facile (scénaristiquement parlant).
Un exemple: il faut, dès le début, nous montrer que, hormis l'héroïne, les riches sont des crétins, particulièrement le futur mari. Voyant les tableaux que Rose a amené pour décorer leur immense cabine, il critique et se moque, et demande le nom du peintre. "Picasso", répond Rose la rebelle aux bons goûts modernes. "Voilà quelqu'un qui n'aura jamais aucun succès", dit le crétin de mari, aux goûts réacs et très classiques.
Tout, ou presque, au cours des 44 premières minutes, est de ce calibre.
Le sauvetage de Rose par Jack est écrit avec le même gros marqueur: rien de naturel, c'est du dialogue de "cinéma", avec un lourd effet de suspense: après avoir renoncé à sauter, Rose dérape et Jack la sauve. A-t-on eu vraiment peur ? A-t-on cru qu'elle risquait vraiment de tomber ? Bien sûr que non, on a fait semblant. Car tout ici "fait semblant". Et, si on n'a pas envie de "faire semblant", on s'ennuie vite à ce grand feu d'artifice creux. Pardon: à ce grand feu d'artificeS.
Bon, je laisse tomber: je vais regarder un vrai film avec de la vrai vie dedans. Et pas que de la frime.
Et j'aimerais bien savoir ce que les Cahiers du Cinéma ont pensé de TITANIC à sa sortie. Aurait-il des qualités qu'une forme d'a-priori m'empêcherait de voir ?