Incontestablement un chef d'œuvre du cinéma américain.
L'une des plus belles histoires d'amour si ce n'est la plus belle qui m'ait été donner de voir. Tout y est : le clivage des castes sociale qui empêche deux êtres de conditions différentes de s'unir (mais qui malgré tout, y parviennent), l'amour chevaleresque version moderne où le héros sauve celle qu'il aime et enfin, l'amour tragique façon Shakespeare qui aboutit à la mort de Jack. Ce sont donc les principaux thèmes de la littérature amoureuse qui sont ici habilement traités et articulés entre eux. Rose est une jeune femme partagée entre son devoir (respect de la tradition,sacrifice par intérêt pour ses parents) et son inclination pour un jeune homme qu'elle rencontre au hasard et qui l'écoute. S'ensuit l'éveil d'une romance avant le naufrage.
La reconstitution de ce dernier, elle, est tout simplement grandiose (je n'ose dire parfaite car je ne suis pas historienne). On voit l'eau monter des soutes aux étages supérieurs dans la panique générale qui agite les esprits. Avant cela, on visite ce paquebot géant de l'époque qui abritait des cabines de passager sur trois étages (pauvres, classe moyenne, riches), des salons au style adapté à chaque classe, des ponts larges couverts ou à l'air libre, et des corridors spacieux. On a l'impression que tout avait été calculé pour le confort des passagers avec le souci du spectacle grâce à un décor luxuriant sauf que l'on a trop minimisé les mesures de sécurité, de protection des passagers, que l'équipe des constructeurs a montré trop d'insouciance sur ce point quand le commandant, lui, a manqué de visibilité et d'anticipation.
Mais l'intérêt de cette histoire est d'abord sur un plan symbolique : le naufrage du Titanic qui a eu lieu au début du XXème siècle n'annoncerait-il pas ce qui va se produire au XXIème siècle ? Fleuron de l'industrie navale et symbole de progrès technique, le Titanic faisait la fierté de ces ingénieurs et attirait à lui une foule nombreuse. Quoique réputé insubmersible, il a coulé en moins de 3 heures à cause d'un mauvais pilotage et à cause d'un incendie en soute déjà présent dès le départ sans intervention de la compagnie, mue d'abord par le goût du profit. Je trouve que ce scénario rappelé à la fin du dernier siècle s'illustre aujourd'hui avec le naufrage de notre société mondiale en cours. Les catastrophes naturelles qui découlent elles-mêmes de la surexploitation des ressources (liée à la cupidité de l'homme), sévissent d'autant plus qu'il y a un cumul d'erreurs et un refus ou manque d'intervention qui coûtent très cher. Or si les hommes du XXIème siècle vont couler, je me demande s'il y aura même des survivants. Le Titanic évoquant le naufrage de passagers à partir des seules catastrophes naturelles, Cameron ne pouvait pas traiter de ces autres menaces : les bombes (atomiques, chimiques ...) et l'essor des robots, des intelligences artificielles. Donc si ces derniers, bien plus performants et puissants que nous, utilisent la première menace pour nous éliminer : certainement pas de survivants à bord du vaisseau Terre. Éventuellement quelques esclaves qui seront ensuite remplacés. Un scénario, lui, entrevu par le même auteur dans sa saga Terminator.
Pour revenir à ce film : on est captivé de bout en blanc par cette histoire qui met en avant dans un contexte de chute générale, un couple qui s'oppose aux autres pour tenter de vivre leur amour et qui se battent face aux éléments déchaînés pour tenter de survivre. Vraiment du grand spectacle qui pour une fois a fait l'unanimité. On ne compte plus les récompenses que ce film a reçues et les spectateurs qui sont allés le voir. Du grand James Cameron porté par une musique pleine de souffle.