J’ai découvert beaucoup de très bons films ces derniers temps. J’attendais beaucoup de ce Deville aussi. Son dernier film, un casting prometteur, un vaudeville parmi les classiques, et malheureusement un résultat faible.
En fait cette adaptation en film d’une pièce de théâtre fonctionne assez mal. On ne peut pas dire que ce soit très drôle, et cela en dépit du jeu des acteurs. Beaucoup de situations déjà vu, pas assez incisif et tranchant, le film mise plus sur le marivaudage que sur l’humour pour exister en fait, et c’est un choix peu efficace. Pas assez d’action, le souci vient surtout de cette narration qui se veut justement tellement rapide qu’on a le sentiment d’avoir plein d’ellipse, de ne pas voir un minimum les sentiments émerger ou se rompre. Du coup on a l’impression d’une coquille creuse où chacun est tellement pressé qu’il ne laisse qu’une trace très fugitive derrière lui.
Pourtant le casting était prometteur, mais il faut avouer que tous ne sont pas au top. Si certains sont excellents, comme Tom Novembre ou Patrick Timsit, malheureusement dans des seconds rôles, d’autres sont très moyens, comme Charles Berling. Il est assez quelconque, passe sans se faire franchement remarquer, et malgré des scènes cocasses, il se fait trop aisément voler la vedette en étant pourtant un des rôles principaux. A noter la bonne prestation de Julie Depardieu, assez à l’aise avec le registre qui se montre plutôt drôle.
Formellement le film ne se démarque pas niveau décors du film en costume. Hormis quelques anachronismes introduits pour une raison encore indéterminée, ou alors pour brouiller l’idée de la période, Un fil à la patte est un métrage plutôt classique et convenu. On ne peut pas dire que ce soit vilain, loin de là, mais la mise en scène timide de Deville, qui a quand même du mal à échapper au style théâtral, n’arrive pas à effacer une impression de déjà-vu. A la limite avec une bande son plus audacieuse pourquoi pas, mais là… Reste quelques moments un peu sexy pour mettre un léger piment, mais comme pour les anachronismes, c’est introduit de façon très peu subtile et on ne comprend pas bien l’usage, si ce n’est pour faire patienter le spectateur.
Honnêtement j’ai été déçu par ce premier Michel Deville que je vois. J’attendais quelque chose de plus efficace. Dommage qu’Emmanuel Mouret ne se soit pas emparer du sujet, je crois qu’à l’inverse de Deville il donnerait beaucoup plus de légèreté et de finesse à tout cela, et il en résulterait un marivaudage sûrement plus drôle, et plus subtil. 1.5