Il faut reconnaître que ce film dénonce toute l'humiliation que vivent les peuples en guerre, sous le feu des forces de répression. Mais le pari de faire tenir le film par l'activité des enfants est une réussite. Il y a peu de films qui révèle avec autant d'acuité et de clairvoyance la vitalité et la force organisatrice des enfants livrés à leurs craintes et leurs espoirs mais sans repères. L'arrivée des forces "libératrices", le choix de certains de partir ou rester, marquent l'abîme qui sépare les vieux des jeunes, et leurs expériences qu'ils ne partageront jamais.
Qu'elle est triste cette histoire que nous conte Bahman Ghobadi ! Triste mais, hélas, sans doute très près de ce qui s'est joué au Kurdistan. Des enfants à qui on n'a pas laissé le loisir de grandir dans l'insouciance et qui sont confrontés à la rigueur d'une vie non souhaitée et désenchanteresse et qui sous la férule d'un gamin à peine plus âgé qu'eux vivent une vie de périls et de larmes.
Enfin. Enfin un film traitant de ce thème, mais d'un point de vue DIFFÉRENT. Car oui, les américains on ne les verra pas (ou presque pas). Les enfants habitant dans un village à la frontière de la Turquie et de l'Iran, doivent se débrouiller pour survivre. Pour ceci, ils fabriquent des bombes "à l'américaines" et les revendent. Il y aura l'arrivée d'un satellite dans le village (qui est d'ailleurs le nom du leader des enfants) qui les bouleversera. Trois enfants, chacun dispersé par les horreurs de la guerre et qui les mènent à faire des choix irréversibles. Très bon film, réaliste, ne mettant pas tout sur le dos des américains (Zero dark Thirty 🎃), et montrant que les iraniens "ne sont pas tous des méchants". J'adore ce genre de film. Malheureusement, pas assez connu, on se demande pourquoi.
Je m'arrête rarement sur un film, on est loin des Hooooooooolywood à la noix avec des filles parfaites, dans une vie "parfaite", avec des fictions irréelles ... traite de vrai problème de la vie, de religion, de souffrance, La fin de ce film, pour moi elle est à double tranchant, on peut trouver cela misérable ou bien penser que c'est une délivrance face à un pays ou les gens survivent ... c'est un avis personnel! je vous conseil de le voir, Si vous préférez les culs parfaits, les dents parfaites et tablette de chocolat, passez votre chemin!
Un film coup de poing. Mais c'est surtout un film à la gloire des enfants qui aurait pu, je crois être tourné partout ailleurs où les conflits prennent pour cible une population. Pourquoi à la gloire des enfants parce qu'ils sont beaux et surtout parce qu'ils sont courageux, qu'ils ont du coeur que se sont les seuls être humains du film. Il n'y a pas de femmes dans ce film (un choix particulier du réalisateur qui a sans doute une raison), mais qui sont les hommes. Il y a les villageois qui utilisent les bons services de ces enfants du camps de réfugié : installation de satellite, déminage de leurs champs ( de préférence par des enfants "entiers"), traduction des informations...Le soldat turc silhouette dressée sur un mirador qui aime a tirer des rafales quand ont le distrait un peu trop, les marchands qui sont des marchands qu'ils vendent des antenne paraboliques ou des armes, les soldats irakiens. bref excepté les marchands qui excerce leur métier, des lâches qui profitent sans vergogne des enfants réfugiés. Pourquoi les enfants sont humains parce que Satellite est prêt à risquer sa vie dans un champs de mine pour sauver un enfant quand les adultes eux utilisent les enfants pour nettoyer leur champs, parce que Agrin comprends bien que son fils sera rejeté par les adulte sera haï, parce que l'amitié, , l'amour, l'attention sont de leur côté. J'ai trouvé très touchante cette histoire de poisson rouge.
Satellite c'est vrai m'a énervée à gueuler sans cesse...Mais j'y ai reconnu les enfants fort en gueule de la région, et quand il veut il "redevient" un enfant plus calme. et puis il a fini par me toucher car il n'est pas franchement sympathique au début du film.
De toute façon les acteurs sont extraordinaires, les enfants sont magnifiques et le réalisateur ne tombe jamais dans le mièvre ou le misérabilisme qui aurait dévalué leur personnage.
C'est un magnifique film sur l'enfance, sur l'humanité de l'enfance.
"Les Tortues volent aussi"... Derrière ce titre mystérieux se cache un film pourtant très terre-à-terre. En effet on assiste ici à une peinture de la vie d'un village Kurde pendant la guerre en Irak mené par les américains. On peut voir notamment dans ce film de manière très immersive le calvaire quotidien des enfants vivant au milieu des mines anti-personnelles. Le réalisateur parvient dans ce film à filmer une réalité avec une étonnante objectivité. C'est le principal intérêt du film: la mise en scène à un côté brut, presque documentaire, qui ne prend jamais parti et qui ne verse jamais dans le mélo. Ce parti pris entraîne deux conséquences: le film distille peu d'émotions mais le peu qu'il nous procure sont des émotions vrais, bouleversantes.
L’histoire se passe à la frontière de la Turquie et de l’Irak, dans un village kurde complètement perdu. La caméra suit les enfants de ce village qui gagnent leur vie en ramassant des mines, que leur chef revend. Il y a dans cette situation un potentiel de cinéma inouï, mais ça ne marche pas. J’ai eu une impression bizarre après avoir vu ce film : outre quelques authentiques lourdeurs (le flashback sur le viol de la petite fille), il y manque quelque chose, une ambition, quelque chose plus profond, j’avais l’impression d’être derrière une vitre. Je crois pourtant Ghobadi honnête sur ce film mais ça ne prend pas, aucune empathie, pas d’émotion. Je dirais même que c’est un film paresseux, Ghobadi a un sujet mais il ne le traite pas vraiment. C’est décevant.
J'espère que mes 3 étoiles ne vont pas faire baisser la belle moyenne de 4 étoiles, tant ce film de "pauvres" mérite d'être encouragé. Pourtant, je ne peux me résoudre à donner la note maximum. En effet, j'émets deux critiques. D'abord, c'est trop facile et racoleur de faire de la petite fille violée par des soldat une infanticide (et une suicidée mais bon on lui pardonne de se donner la mort). Il n'est d'ailleurs pas logique qu'elle tue cet enfant dont elle s'occupe par pur dévouement. Elle est sur le chemin de la résilience non de l'expiation, cf Cyrulnik. Ensuite, il est dommage qu'il n'y ait aucune direction d'acteur. Satellite, si attachant -ilot d'intelligence, d'initiative, d'énergie, d'amour aussi dans ce marasme déprimant-, ne parle jamais, il hurle. Dommage. Je n'ai vu dans ce film aucune dénonciation de la guerre mais seulement un "coming of age" raté. La fin du film d'ailleurs est un vrai crève coeur. Satellite se retrouve d'un seul coup marginalisé par un concours de circonstance, sa blessure et l'arrivée des Américains, son énorme potentiel en tant d'adolescent est anéanti. Ce qui aurait du être son jour de gloire (il aurait pu aider les envahisseurs) est un cul de sac. Cela pourrait transplanté dans n'importe quel pays du monde, en temps de paix. Il était la vedette et est abandonné de tous. On ne nous empêchera pas de penser qu'il va rebondir. Sauf si le passage à l'âge adulte signifie les compromissions, la veulerie et l'oubli de ses idéaux de jeunesse. Les seconds rôles estropiés, justes, émouvants, beaux donnent une dimension supplémentaire à cette oeuvre. Les paysages apportent aussi leur pierre à cet édifice tout à fait réussi.
D'une beauté renversante, ce film très clair, malgré ses nombreuses digressions poétiques, fait le constat de l'échec d'une nation, d'une impasse politique et historique ayant conduit des êtres au désastre. Revigorant et salutaire. Vrai.
Comment lire ou regarder les nouvelles d'Irak et d'autres pays en guerre après avoir vu “Les tortues volent aussi”? Comment se regarder dans le miroir quand nos pays occidentaux sont tous, à un degré ou à un autre, complices de ce qui se passe là-bas. “Les tortues volent aussi” est un film coup de poing, un cri. A la fois documentaire et fiction, comme beaucoup d'autres films iraniens, un peu à la façon du néo-réalisme italien, on ne sait jamais vraiment si l'histoire est filmée en direct ou pas, tellement les acteurs collent aux personnages. On ne sait pas non plus trop si l'on doit rire ou pleurer tellement la dérision jouxte l'horreur. Il y aurait beaucoup à dire sur l'esthétisme, sur la pudeur, sur l'humour, sur la trempe des personnages, sur leurs ambiguités. Mais voilà, il est difficile d'admettre que le film est beau alors qu'il parle d'enfants victimes de la guerre, difficile d'admettre qu'il est pudique alors que les images sont si crues, que ses personnages sont forts alors qu'ils sont tous des enfants, qu'il est drôle quand on n'a plus du tout envie de rire à la fin. Je suis ressorti avec un terrible sentiment d'impuissance. Mais je ne pourrai plus dire que je ne savais pas.
Magnifique, très beau film, ---- je suis d'accord avec les critiques de la presse sauf certaines comme celle de "Les Inrockuptibles" qui dit que c'est "Un film-prétexte sur la misère qui peine à se démarquer de la réalité formatée du JT" Allez faire une enquête au Kurdistan et vous verrez si c'est ce que l'on voit ou non au Jt. Le JT n'a jamais dit que le Kurdistan est la région la plus minée du monde !! Les Kurdes sont mêmes pas encore sortis de la guerre d'Irak et 2 autres guerres se préparent encore (Iran et Syrie) alors svp comprenez la douleur d'un peuple qui ne baisse jamais les bras. Merci
Si le précédent film de Ghobadi parlait de la situation kurde avec un mélange de gravité et d'humour, il évoque, avec les Tortues, la situation irakienne de façon très dure. Les protagonistes du film sont essentiellement des enfants, dont on voit de façon non éliptique les souffrances insoutenables : viol, mutilation par les mines...La critique parle d'une façon étonnamment légère de ce film, au cours duquel j'ai vu des hommes dans la salle pleurer. Ce n'est pas du tout un film divertissant, il vaut mieux le savoir avant d'y aller. Et à mon sens, tant de noirceur nuit à l'efficacité même du propos. Je n'ai qu'une envie c'est d'oublier ce film alors que je me souviens avec émotion des Chants du pays de ma mère.
On n'attendait pas un tel film choc de la part du cinéaste d'"Un temps pour l'ivresse des chevaux" (film intéressant mais à la lenteur hypnotique). Ici, pas de longs plans séquences à l'iranienne, mais un film efficace qui touche à l'universel. Certes, le cinéaste y va fort pour susciter l'émotion : tous les enfants du film sont mutilés physiquement ou mentalement par la guerre et il n'hésite jamais à nous faire partager leur détresse. Suivant tout un groupe de personnages, il nous montre les différents ravages causés par la guerre et aussi par le régime de Saddam Hussein qui a systématiquement poursuivi les kurdes. Cette coproduction (Iran-Irak) bénéficie d'un budget suffisant pour impressionner le spectateur habitué à l'austérité des films de la région. Les images sont souvent somptueuses, mais elles ne rendent pas pour autant l'horreur esthétique. Les enfants sont tous impeccables et le cinéaste se permet même des envolées oniriques bienvenues. Bref, un très grand film, nécessaire pour rappeler l'horreur de toutes les guerres et les ravages qu'elles causent sur les êtres humains.
Ce film est un bijou, par sa force de témoignage, qui remplace bien des reportages. Il est extrêmement dur, mais pourquoi faire l'autruche ? Il faut aller le voir pour comprendre que le monde ne tourne décidément pas rond. Quel dommage que cette fiction d'utilité publique ne passe que dans 5 salles à Paris !