Il est étonnant de voir la forme d’idolâtrie que portent certains en France pour le genre Wu-Xia-Pan. Etonnant, car ceux-là mêmes, qui crient à l’anathème, si l’on trouve cinématographiquement médiocres l’écrasante majorité de ces produits Hong-Kongais, sortis à la chaîne, vont trouver tout à fait normal que l’on taxe de médiocres les westerns spaghetti, ou les films américains de super héros. Mais tout comme les westerns spaghetti, on peut trouver dans la masse de ces « films de sabre », quelques perles rares. Des films dont le scénario, et la mise en scène sont plus élaborés et plus innovants. Ce n’est pas malheureusement pas le cas avec ce « Duel To The Death ». Le scénario est confus, tarabiscoté à l’excès. Le plus dommage est qu’il y avait pourtant, dans ce film, de la matière à le faire sortir du lot. L’intrigue basée sur la rivalité culturelle sino japonaise est trop grossièrement utilisée. Une plus grande clarté dans le scénario, pas inintéressant, riche en rebondissements, ainsi qu’une plus grande recherche dans les dialogues, l’auraient propulsé dans le top 10 du genre. En outre, plusieurs éléments culturels, fort intéressants, sont présents. Hélas, Siu-Tung Ching, dont c’était le premier film, ne les exploite que de manière primaire, et, paradoxalement, les traite avec condescendance, voire même avec dédain. Son marionnettiste prend son job par dessus la jambe et mange tout en actionnant ses poupées. Les « Yiji » des Xi-Sheng, ces entraineuses dans certains bars chinois de l’époque, paraissent niaises et insignifiantes. Quand aux scènes de festin, elles n’offrent que très peu d’enjeu dramatique. Le seul élément intéressant, qui aurait pu être mis à profit, la tentative d’empoisonnement, est tout simplement bâclé. En outre, la mise en situation des scènes est faite souvent de manière parachutée. Les personnages apparaissent dans des lieux déconnectés des éléments narratifs précédents. Reste les combats, ils sont sobres, et ne s’éternisent pas, comme c’est le cas habituellement avec les Wu-Xia-Pan. Mais ils sont hélas traités avec le peu de réalisme de l’époque, avec une choréragraphie qui emprunte plus à la danse. A son crédit, ce premier film de Siu-Tung Ching serait l’un des rares Wu-Xia-Pan à mériter la dénomination de « films de sabre ». En effet, contrairement aux trois quarts des films de ce genre, qui n’offrent que très peu de combats de sabre, « Duel To The Death » offre de fréquentes sabrées, dont la dernière finit en une belle aphotéose. Les choses ont bien évolué depuis cette époque, heureusement. Tous les détails socio culturels sont aujourd’hui traités avec la plus grande vigilance et utilisés dramatiquement avec plus de finesse par les réalisateurs Chinois. Ils exploitent au maximum ces détails pour pousser l’intrigue dans une direction ou dans l’autre de manière décisive. Pour mesurer le progrès parcouru par le genre, il convient de regarder, entre autres, « La Nouvelle Fureur De Vaincre », de Gordon Chan, ou plus récemment, « The Grandmaster » de Wong Kar Wai.