Ondi Timoner a eu beaucoup de chance. Ayant décidé de filmer deux groupes proches au début des 90's, prônant un retour aux sources musical, se vautrant dans le stupre et les paradis artificiels, passant des semaines sans eau claire ni pain blanc, jouant à poil sur scène dans des salles chauffées à blanc ; il ne pouvait se douter que l'évolution des deux combos serait aussi opposée, aussi cinématographique. Les Dandy vendent leurs âmes au diable, deviennent des caricatures du rock-star system, mais remplissent les stades et cartonnent aux charts. Les BJM, portés par le charismatique Anton Newcombe, digne héritier de Jim Morrison et Dylan, ne vont cesser de s'enfoncer. Newcombe -dont la métamorphose physique au cours de ces 7 années est stupéfiante : du playboy au faux air de Tom Cruise, il deviendra tantôt bouffi par l'alcool, tantôt décharné par l'héroïne- à force de ne faire aucune concession, finira seul sur scène après avoir virer les membres de son groupe un à un, en tant que cible de lanceurs de tomates.
Et surtout la relation qu'entretiennent les deux leaders est fascinante. Taylor est Newcombe s'aiment comme des frères ennemis. Un mélange détonnant de haine, de respect, de jalousie, de rivalité. Le second ira jusqu'a offrir un revolver au premier, après avoir gravé son nom sur une des balles... Paradoxalement Dig! ne rend pas bien compte du génie bien réél de Newcombe, mettant davantage l'accent sur ses frasques, et voulant trop le déifier, le mythifier, perd en crédibilité. Du coup, si l'on est sceptique quand les lumières se rallument, il faut se ruer sur les disques du BJM, pour constater qu'il s'agit bel et bien du meilleur groupe de rock de ses 10 dernières années et je pèse mes mots... Les albums "Take it from the man", ou "Thank God for mental illness", sont bruts comme des diamants.