Avec Biguine, le réalisateur Guy Deslauriers rend à la fois hommage à la capitale de la Martinique, Saint-Pierre, et à ses anciennes biguines. Il explique : "Malgré les gravures et les évocations que nous connaissons tous, la ville de Saint-Pierre demeure encore un mystère. Quelles étaient ses couleurs ? Ses odeurs ? La vie des grandes et des petites rues ? Les gens leurs histoires ?... Paradoxalement, ce ne sont pas les images qui m'ont fait rêver d'elle, mais les chansons, et plus spécialement : les biguines d'antan... Il y a dans les biguines anciennes toute l'âme de Saint-Pierre, sa joie, sa gouaille, ses danses, ses histoires populaires, ses silhouettes pimentées, les anecdotes de toutes natures, et surtout l'esprit d'avant-volcan... S'il subsiste un patrimoine qui nous viendrait de cette ville, il est à mon avis musical. C'est pourqoi j'ai pris un grand plaisir à tenter une évocation de ce mystère urbain en l'associant à un autre mystère : celui de l'apparition de la biguine..."
La biguine, ancêtre du zouk, est à la fois une danse et une musique, cousine lointaine du jazz et originaire des Antilles françaises. Elle voit le jour à la fin du 19e siècle, succédant aux danses traditionnelles. Tonique et lascive, elle se joue sur des rythmes rapides, chaloupés, à base notamment de clarinette et de tambour, et s'impose vite comme une danse de séduction. Elle est le symbole de la capitale de la Martinique, Saint-Pierre.
Pour donner chair à Biguine, à la fois film de fiction et documentaire, le réalisateur Guy Deslauriers a fait appel à Max Télèphe et Micheline Mona, deux Martiniquais totalement dépourvus d'expérience devant la caméra. Le premier maîtrise le tambour et la flûte, alors que la seconde excelle dans le chant de Bèlè. Fort de ces dons propices à la biguine, ils ont pu parfaitement retranscrire la naissance de cet art très particulier, ancêtre du zouk.