J'ai très apprécié ce film et je ne sais pas si c'est pour la beauté des images et ce que l'on apprend sur la vie aquatique, ou plutot parce qu'il est temoin de son époque, de l'homme par rapport à la nature, et même des comportements humains en général. En fait j'ai ma petite idée la dessus, j'opte pour la seconde vision évidement, mais je vais scinder mon propos en deux, car si le film du commandant Cousteau a reçu le palme d'or, ce n'est pas pour la partie que je juge personnellement plus intéressante. Le Monde du Silence est un film bien évidement révolutionnaire, pionnier du genre, celui qui met la caméra couleur sous l'eau, pour capter la beauté des coraux et des poissons tropicaux. Les images sont belles, même aujourd'hui, bien sûr ce n'est pas de la haute définition et Oceans l'explose facilement, pourtant on reste émerveillé par ce qu'on voit, même si Arte pourrait diffuser quelque chose de semblable. Mais pourtant, la caméra est toujours bien senti, les plans sont assez fabuleux, on sent non pas un documentaire mais un vrai travail cinématographique, et c'est sûr cela que je distinguerai la technique du monde du silence comparé à des oeuvres aujourd'hui qui ne cherchent pas toujours à placer la caméra de façon originale pour offrir un point de vue unique. Un vrai travail d'artisan. Les lieux visités changent souvent, on ne s'attarde pas sur un type d'observation, Malle et Cousteau varient énormément leurs propos, avec la volonté de démocratiser le propos, sans approfondir un sujet. Les realisateurs jouent avec la musique, pour créer des sensations comiques ou d'angoisses qui sont presques plus fortes que les dents de la mer. Malgré tout les descriptions sont précises, les informations apportées pertinentes, intéressantes, on est face à un vraie documentaire qui nous enseigne des choses. On comprend sans difficulté que, sur la partie technique, ce Monde du Silence soit considéré comme une référence tant on voit son rayonnement sur les productions actuelles, mais aussi sa certaine maîtrise de la caméra que peu de réalisateur peuvent se targuer d'avoir aujourd'hui. Voila pour cette premiere partie, disons le forte intéressante, mais évidemment un peu obsolète face à ce qui se fait aujourd'hui, de sorte que le film n'a plus grand chose de fabuleux aujourd'hui. Ce que j'ai surtout retenu, c'est le contexte du film, à savoir les années 50, parfaitement visible ici. On en apprend beaucoup sur cette époque, le rapport des hommes à la nature, les méthodes scientifiques, les errements moraux qu'on ne peut pas critiquer de notre point de vue des années 2000. Ainsi ce film aujourd'hui choque, moi il m'a fait surtout beaucoup rire, tout en m'intéressant, là où de nombreux y voient un documentaire immonde et totalement obsolète. On remarque ainsi que Cousteau et sa bande étaient encore dans une certaine idéologie de l'homme dominateur de la nature, capable d'en faire ce qu'il veut, un point de vue cartésien en somme. Le bien être animal est une notion quasi absente (en réalité c'est faux de dire cela : plusieurs fois, cousteau insiste sur les souffrances ressenties par les poissons), avec ces coraux détruits à coup de pioche, les poissons éventrés pour les voir se dégonfler, les requins massacrés sans autre motivation que la haine à leurs égards, le pompon revenant au chevauchage régulier des tortues de mers, qui servent ici et la de de cheval de trait, de table de pic-nic ou de skateboard de l'ancien temps. D'un certain côté, cette vision est assez agréable, de sorte qu'on retourne à l'idée du biologiste réellement scientifique, qui n'est pas motivé par l'empathie animale comme on le voit trop aujourd'hui. On voit aussi les méthodes complètement obsolètes de la science, comme dynamiter les coraux pour recueillir des poissons, enfin ce genres d'images qui feraient une levée de bouclier des WWF et autre Greenpeace du genre aujourd'hui. Mais la où je loue Jacques-Yves Cousteau, c'est qu'il reconnait le mal fait aux animaux, sans pour autant avoir une considération morale, mais il ne nous cache aucune images, même les plus dures (le cachalot perdant tout son sang), bref il assume totalement son propos. Aussi, disons le, malgré l'immoralité apparente (mais gare à l'anachronisme ), ces explorateurs sont passionnants, avec leur bravoure ou leur inconscience, n'hésitants pas à se mettre en cache dans une mer remplis de requin, ou a taquiner un merou de 25 kilos aux dents tranchantes. C'est aussi une chose qu'on ne voit plus aujourd'hui. Bref, ce point de vue sur l'exploration dans les années 50 est le véritable intérêt du film et je me suis personnellement régalé de voir quelque chose qui nous paraîtrait anti-conformiste aujourd'hui. Dernier clin d'oeil pour la route, avec le vrai pompon, la rencontre avec le noir sur l'ile deserte, qui nous rappel la vieille époque du Banania Ya Bon, dont le doublage est un moment d'anthologie (""Deux mois apwé, le sable qu'a bougé tout pawtout! Petite tortue, sowtie tête du lit"!)