Pour le réalisateur Malik Chibane, la banlieue n'est plus rouge, mais "multicolore." Le cinéaste rapproche Voisins, voisines de sa propre expérience dans une cité de Goussainville : "C'est ma France à moi aussi, celle de l'immeuble de mon enfance, celle des années soixante-dix, déjà avec Chirac aux affaires... Tout change et rien ne change... Voisins, voisines est aussi la célébration du modèle de Sarcelles, celui du vivre ensemble, malgré nos différences. À Sarcelles comme ailleurs, nous partageons bien plus que l'air que nous respirons. Prendre conscience de ce succès c'est le valoriser. Mon film aspire, sans prétention, à être le témoignage cinématographique du modèle Français."
Malik Chibane, avec Voisins, voisines, met l'accent sur la réussite de la vie en communauté en banlieue. Il déclare : "Il est naturel que cette réussite n'imprègne pas encore tous les esprits, tant la formule "échec de l'intégration" est devenue, depuis quelques années, le fonds de commerce de toutes sortes de spécialistes et experts autoproclamés. Nous vivons dans la France postcoloniale et urbaine, un décalage horaire entre la réalité et les cauchemars que certains experts nous décrivent. Cette dichotomie est violente, douloureuse, de part et d'autre. Elle est source de très nombreux malentendus, d'une somme colossale de quiproquos, d'une production industrielle de poncifs et d'une exportation massive de clichés vers les médias. Dans ces mêmes médias, depuis 22 ans un homme politique d'extrême droite se répand en petites phrases et allusions douteuses. Il pollue le débat en stigmatisant les uns pour mieux tétaniser les autres. Le titre de mon film est d'ailleurs un clin d'oeil à sa célèbre formule "J'aime mieux ma fille que ma nièce, ma nièce que ma cousine, ma cousine que ma voisine"."
Et Malik Chibane d'expliquer ce qu'il a voulu transmettre en réalisant son film : "Pour "faire" quelque chose, à ma mesure, sans ajouter aux certitudes et aux discours qui étouffent la parole, j'ai voulu inscrire cette dimension de l'intégration réelle dans la fiction. J'ai voulu dialoguer avec les imaginaires des uns et des autres, à la manière d'un conteur, fort de l'universalité de son langage."
Voisins, voisines marque la seconde collaboration du réalisateur Malik Chibane avec le comédien Frédéric Diefenthal, dix ans après Douce France.
Avec Voisins, voisines, l'acteur Frédéric Diefenthal, célèbre pour ses prestations dans la saga Taxi, officie pour la première fois en tant que producteur.
Avant d'opter pour le titre définitif Voisins, voisines, le réalisateur Malik Chibane avait un temps souhaité appeler son film Résidence Mozart.