Contrastes violents des noirs et des blancs lorsqu’il s’agit de scruter les visages et la terre brulée! La caméra à l’épaule utilisée comme une arme ! Il faut faire jaillir l’âme de ce peuple asservi, abusé, torturé, violé en toute impunité par une armée cliquetante de breloques, grossière, vulgaire et lourde, lourde, lourde comme une bête féroce. Point n’est besoin de dire la terre où cela se passe… Qu’importe ! L’injustice et l’arbitraire règnent. Des pays dont on ne parle pas au 20 h de TF1 ! Est-ce la nature des hommes ? Que faire sinon se battre ? Sortir les machettes, organiser la défense des plus faibles. Soutenir la guérilla !
Il y a le peuple et son maigre quotidien. Chassé de son village, pillé et tué encore de son par les fronts butés de l’armée. Il y Plutarco, vieil homme et son violon. Il chemine pour joindre son fils et son village vidé par la soldatesque. Les paysages, en plan fixe, les seuls qui soient emplis des douceurs grisées de l’aube et du soir, voient le vieux musicien et sa mule cheminant. Il y a le capitaine qui confisque le violon de Plutarco. Tête carrée, mussolinienne. Il s’essaie au grattage des cordes : cacophonie… Plutarco accepte de jouer pour lui les jours suivants… Une « casquette» pourrait-elle ressentir quelque chose d’humain ? La musique est aigre, maigre, fragile comme le vieillard qui la fait naître ! La caméra donne à voir l’apparente proximité morphologique et la phénoménale distance psychologique des deux hommes face à face…
La guerre est plus têtue, plus violente encore que le lien qui semble les unir un moment…
Qu’importe le petit fils de Plutarco, guitare à la main, chants de révolte à la bouche, accompagné d’une gamine orpheline comme lui, continuera le combat pour la liberté
Francisco Varga nous offre à voir une réalité absurde, injuste et surréelle illustrée par de magnifiques images et par une musique simple, authentique qui ne nous quitte pas de sitôt. Il y a du Chaplin, du Buñuel chez ce réalisateur! Génial!