Omagh a été coécrit et co-produit par Paul Greengrass, le réalisateur de Bloody Sunday, film-choc qui évoque un autre épisode particulièrement tragique du conflit en Irlande du Nord, ce "dimanche sanglant" qui marqua le début de la guerre civile, le 30 janvier 1972 : l'armée britannique avait alors ouvert le feu sur une marche organisée à Derry par le Mouvement des droits civiques d'Irlande du Nord, causant la mort de 13 personnes. Cette oeuvre aux allures de faux documentaire avait obtenu l'Ours d'or au festival de Berlin en 2002. Depuis, Greengrass est parti aux Etats-Unis tourner La Mort dans la peau, suite de La Mémoire dans la peau, avec Matt Damon. Ajoutons qu'on retrouve au générique d'Omagh une partie de l'équipe de Bloody sunday, notamment les comédiens Gerard McSorley, Kathy Kiera Clarke et Gérard Crossan, et les producteurs Don Mullan, Arthur Lappin et Tristan Whalley.
Comme le relate le film, un groupe de soutien et d'entraide s'est constitué autour de Michael Gallagher à la suite de l'attentat d'Omagh. En 2002, Paul Greengrass les a contactés pour obtenir leur consentement avant de se lancer dans le film. Le co-producteur Don Mullan était chargé de faire la liaison entre l'équipe du film et les familles de victimes. Celles-ci ont réagi de différentes manières au projet : "Celles qui s'étaient constituées partie civile contre les responsables de l'attentat et qui avaient assigné en justice le gouvernement britannique en justice la police d'Irlande du Nord savaient que le film pourrait jouer un rôle important ; celui d'informer le public irlandais, britannique et international de leur combat pour la justice et contre l'impunité. Tandis que d'autres familles, pour lesquelles le souvenir était encore trop douloureux, ont préféré ne pas participer au film. Cela allait de celles qui étaient opposées au projet à celles qui nous ont souhaité bonne chance, mais ont préféré ne pas s'impliquer davantage, car cela leur aurait été trop pénible."
Omagh a été co-produit par la société anglaise Tiger aspect, à l'origine notamment de Billy Elliot, et la maison de production irlandaise Hell's kitchen, qui finança plusieurs films de Jim Sheridan, comme Au nom du père. Le film a été également produit par les chaînes de télévision Channel four (anglaise) et RTé (irlandaise, qui l'ont diffusé avant sa sortie en salles.
Omagh est le premier long métrage de Pete Travis, auteur de plusieurs téléfilms, dont Henry VIII avec Ray Winstone et Helena Bonham Carter (2003). Réalisateur de deux épisodes de la série Cold feet 2, il a également signé en 1996 Faith, un court métrage adapté d'une nouvelle de Nick Hornby.
Michael Gallagher, le porte-parole des victimes, est incarné par le comédien Gerard McSorley, qui parle ainsi de son "modèle" : "Michael Gallagher a quelque chose de très particulier : une sorte de charisme tranquille et discret. Sa femme dit qu'il est capable de dire à des politiques rompus à l'art du discours des choses comme : "Vous êtes sûr de ce que vous dites ?" Sa simplicité peut mettre très mal à l'aise les responsables auxquels il demande des réponses." Il poursuit : "Omagh, c'est l'histoire sanglante de l'Irlande du Nord du point de vue des gens ordinaires qui en sont les vraies victimes. On y voit comment ces gens refusent de se laisser abattre et forgent des relations durables au-delà des nations, des classes et des religions. Cette histoire a quelque chose d'universel."Plusieurs autres personnes réelles sont représentées dans le film, comme Gerry Adams, le célèbre leader du Sinn Fein, le mouvement républicain irlandais, interprété par l'acteur Jonathan Ryan.
Porter à l'écran une histoire douloureuse vécue par des familles qui en gardent un souvenir fort est une tâche délicate. "Le scénario et la meilleure manière de relater les évènements ont été beaucoup discutés avec les familles, pour leur dire exactement comment elles seraient représentées", estime Pete Travis."Lorsque vous représentez des personnes réelles, il faut être sensible à leur vision des événements, être capable d'adopter leur point de vue et de les impliquer dans le processus de création. Il faut être prêt à raconter leur histoire aussi honnêtement que possible. Vous êtes en devoir de faire le meilleur film possible. Omagh a été filmé, caméra épaule, sans éclairage et sans artifices à Dublin et ses alentours dans la ville de Navan."
Paul Greengrass explique pourquoi ce film lui tenait à coeur : "Il y a deux évènements qui encadrent le conflit d'Irlande du Nord : le Bloody Sunday et Omagh. Ils ont fait prendre conscience à tout le monde qu'il fallait que le conflit s'arrête. L'attentat d'Omagh reste le crime le plus effroyable du conflit d'Irlande du Nord. C'est un évènement d'autant plus tragique qu'il est survenu au moment où les gens commençaient à espérer que les affrontements sanglants qu'ils avaient connus toute leur vie touchaient à leur fin. La demande de justice qu'a portée le Groupe de soutien et d'entraide d'Omagh suite à cette tragédie symbolise l'espoir pour nous tous. Après mon premier film sur l'Irlande du Nord, Bloody Sunday, c'était important pour moi de conclure avec celui-ci..."
Omagh a décroché le Prix du Meilleur scénario et le Prix CICAE du Meilleur Film Européen (remis par le circuit des salles Art et essai) au Festival de San Sabastian en 2004.