Le Prix du désir a été présenté en 2004 au Festival de Cannes, dans le cadre de la Semaine de la Critique.
L'origine du Prix du désir est ancienne, comme l'explique Roberto Ando : "C'est parmi des notes anciennes, qui datent de mes seize ans, que l'on peut retrouver trace de ce film. A l'époque (...) j'avais voulu raconter l'histoire d'un écrivain qui vit caché et d'une femme qui cherche à le démasquer. A la sortie de mon premier film, Le manuscrit du Prince [en 2000], j'ai été approché par des producteurs qui m'ont proposé de développer un nouveau projet, et cette histoire est revenue à la surface, avec quelques détails en plus, et un arrière-plan plus clair. J'en ai parlé, comme toujours, avec Salvatore Marcarelli et sa réaction a été encourageante."
"Quand nous nous sommes mis à écrire, Salvatore Marcarelli m'a raconté le prologue d'une histoire qu'il avait toujours voulu utiliser, dans lequelle un homme fait par hasard la connaissance d'une femme, sur un bateau à destination de Capri, se souvient le réalisateur. "J'avais aussi présent à l'esprit le souvenir du début d'un roman de Moravia, le très beau 1934, où un homme suit une femme sur un bateau de Capri, continue à la fréquenter sur l'île, découvre qu'elle a une soeur jumelle... mais Salvatore et moi-même étions intéressés par autre chose, d'autres pistes. Nous voulions raconter l'histoire d'un homme qui ne se contente pas de vivre une seule vie, mais en possède au moins deux, l'une publique, dans laquelle il se glisse incognito, malgré sa renommée mondiale, l'autre, privée, en un lieu où célébrité où fortune aiment à se cacher, en Suisse, à Genève."
Après des études de philosophie, Roberto Ando, originaire de Palerme, ami de l'écrivain Leonardo Sciascia, a travaillé comme assistant sur Le Sicilien de Michael Cimino, Le Parrain, 3e partie de Coppola, Le Christ s'est arrêté à Eboli de Rosi. Le Prix du désir est le deuxième long-métrage de cet artiste, qui se partage entre cinéma et mises en scène pour le théâtre et l'opéra. Il avait déjà fait appel à des comédiens français pour son premier long-métrage Le Manuscrit du Prince, évocation de Giuseppe Tomasi Di Lampedusa, l'auteur du Guépard : c'est Michel Bouquet qui jouait le rôle principal, aux côtés notamment de Jeanne Moreau.
Ce n'est pas la première fois que Daniel Auteuil tourne en Italie : on l'a vu notamment dans Pereira prétend de Roberto Faenza, d'après d'après Antonio Tabucchi avec Marcello Mastroianni (1996) puis La Folie des hommes de Renzo Martinelli avec Michel Serrault et Laura Morante (2001).
Daniel Auteuil revient sur les thèmes principaux du film, le changement d'identité et le secret : "Ecrire est une façon de parler de soi en se cachant. Ici, dans ce cas précis, le personnage a besoin d'un mystère plus épais, parce qu'il a besoin de vivre sous une fausse identité. C'est sûrement le début de ses problèmes. Comme auteur, il est célèbre, alors que comme individu, il est complètement anonyme (...) C'est un jeu de miroirs continu, de perte de personnalité, de poursuites entre personnes qui se cachent tout le temps leur véritable identité. Le fait d'assumer une identité qui n'est pas la sienne et de se cacher, dénote certainement une personnalité à la recherche d'un secret total : et c'est aussi le thème du film."
Le cinéaste explique pourquoi il a choisi Anna Mouglalis pour donner la réplique à Daniel Auteuil : "Anna Mouglalis est l'actrice parfaite pour ce rôle. Elle m'a toujours étonné par son côté ineffable et pour la qualité de sa beauté qui inquiète, trahit ; il y a en elle un côté très obscur qui me fascine. Je voulais en faire une héroïne à la David Lynch, une créature fugitive, elle aussi paumée, à la recherche de son identité. Quand deux créatures si semblables se rencontrent, le match qui se joue est total, définitif et sans période de prolongation."
En plus de sa participation au Prix du désir, Greta Scacchi a collaboré en 2004 avec Roberto Ando pour une pièce de théâtre. La comédienne d'origine milanaise était en effet l'héroïne de C'était hier de Pinter, dans une mise en scène d'Ando, qui, depuis les années 80, se partage entre théâtre, cinéma et opéra.