Maison de vacances, bord de mer, barrière de jardin, désirs secrets, espérances muettes, dialogues parlés-récités, jeu faussement amateur, marivaudages... le décor rohmérien est posé. Le trivial (= évident, banal, plat, sans profondeur) est ici malheureusement également convoqué. Chez Rohmer, la tristesse est le pendant de l'espoir le plus fou et le rêve advient vraiment par le miracle de la grâce et de l'ingénuité véritable. Ici, le personnage de Vénus, jeune Russe débarquée à Marseille pour d'obscures raisons, la meilleure étant l'espoir d'un mariage salvateur, la pire étant l'ombre du trottoir, ne nous fait pas rêver. Ce personnage demeure pathétique et ne décolle jamais du portrait de la paumée marginale et esquintée, qui cherche à tromper son monde mais ne croit plus au miracle. Son « passage aux aveux » ne change rien à l'affaire, ce personnage excessivement hystérique est défraîchi d'avance. Les autres personnages sont plus « frais » et la scène de la plage la nuit est jolie, mais la relation Fleur-Bonheur manque de consistance. Il ne sert à rien de pasticher Rohmer dont l'inspiration vient d'en-haut. Il serait dommage d'entrer dans l'univers de Mouret par ce film d'apprenti car cela peut dissuader de regarder la suite filmographique, pleine d'intelligence et de délicatesse, de ce réalisateur, acteur talentueux lui-même notamment dans ses emplois comiques.