Que voilà un bien étrange mais néanmoins très intéressant film : "Kontroll" est un film hongrois réalisé par un inconnu, Nimrod Antal (pour info, ce film lui permettra de se faire remarquer aux USA puisqu’il enchainera par la suite les sympathiques "Motel" et "Blindés" ainsi que "Predators") qui nous emmène dans l’univers souterrain du métro de Budapest pour y suivre les aventures d’une bande de contrôleurs. Alors on va dès le départ régler quelque chose : il est clair et net que le synopsis (et même les premières minutes du métrage) vont vous faire penser au film "Subway", mais soyons franc : même s’il a pu s’en inspirer légèrement, Antal n’a ni copier, ni tenter de remaker le métrage de Luc Besson et les deux films, même s’ils partagent certains « codes » sont radicalement opposés dans leur traitement jusqu’à leur conclusion. Voilà, fin du petit aparté, revenons à notre sujet : Antal nous amène donc dans un univers quasi surréaliste où la lumière du jour ne parvient jamais à se frayer un chemin. Avec une jolie maîtrise de la mise en scène, le réal nous retranscrit cet univers par l’intermédiaire de plan froids où seuls les néons blafards font office de source de lumière, nous faisant ressentir une sensation d’étouffement, à la limite de la claustrophobie C’est dans cette atmosphère glauque que l’on va découvrir une étonnante galerie de personnages atypiques : énigmatiques, névrosés, peu professionnels et zélés, nos amis contrôleurs sont aussi hilarants que misérables (
l’un est narcoleptique, un autre dépressif et un troisième un incroyable couard
). Et en face d’eux, on a l’impression d’assister à un défilé des pires représentants de Budapest : resquilleurs, clients récalcitrants, skinheads violents, demoiselles charmantes mais irrespectueuses, hooligans saouls,
serial killer qui « exécute » des voyageurs
…Avec un tel panel de protagonistes décalés (les acteurs, bien que méconnus sous nos latitudes, sont très bons et nous livrent de remarquables prestations), Antal dresse un portrait sombre et pessimiste du métier de contrôleur ainsi que de la population de Budapest et même de la société hongroise en général, donnant ainsi à son métrage un statut de satire aussi inattendu que bienvenu. Pourtant, "Kontroll" n’est pas que sombre et malsain et nous apportera son lot d’humour, de poésie et d’espoir, nous prouvant ainsi qu’en Europe de l’Est il existe un cinéma qui ne demande qu’à s’exprimer au-delà des faibles moyens qu’il possède. Avec son univers confiné, son atmosphère particulière et ses personnages hauts en couleurs, "Kontroll" est un OFNI à la frontière entre thriller satirique et fable sociable qui mérité réellement qu’on s’intéresse à lui. Pour un premier métrage, c’est une assez jolie réussite Mister Antal.