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Xavier B.
16 abonnés
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4,5
Publiée le 30 octobre 2023
Film fort, dans l'intimité d'un village sénégalais au début du 21ème siècle, avec le conflit entre les hommes machistes "réac" et les femmes plus ouvertes sur une modernité qui leur semble offrir plus de pouvoir. L'excision est au centre des débats. En prenant parti contre cette pratique en 2004, O Sembène ne fait pas œuvre révolutionnaire, mais participe à un combat qui ne progresse pas assez vite : l'excision est interdite au sénégal en 1999. En 2016, plus de 10 ans après le film, au moins 200 millions de filles et de femmes ont excisées dans 27 pays africains(une large bande entre la Mauritanie et la sierra Leone à l'Ouest et l’Égypte et le Kenya à l'Est), mais aussi au Yémen, en Irak et en Indonésie. Autres débats sur lequel le film milite efficacement : le droit à l'information et au divertissement, contre lequel les hommes du village font un autodafé de "transistors" et l'archaïsme du pouvoir des "petits rois", encore que, sur ce dernier point on sent bien que le fils du chef, revenue de France, et qui prend parti pour les femmes et la modernité, deviendra bientôt un "petit roi éclairé", comme c'est souvent le cas... Même s'il a bientôt 20 ans, Moolaadé reste d'actualité
Le dernier film d’Ousmane Sembene, un des plus grands cinéastes de l’Afrique noire, venu du roman pour nous donner en près de quarante ans une dizaine de films tous plus exemplaires les uns que les autres. Auteur engagé, Sembene a réussi le tour de force de faire interdire certains de ses films (Camp de Thiaroye notamment) dans son propre pays, le Sénégal, par le pourtant démocrate Léopold Sédar Senghor, ses sujets étant jugés trop brûlants envers la communauté islamiste de ce pays. Ici, il s’attaque à l’un des pires crimes commis par notre humanité, à savoir l’excision des fillettes sous couvert de religion et/ou d’hygiène, en fait pour extirper la partie masculine de la femme et lui interdire l’accès au plaisir... La force de ce film magnifique d’esthétique, est de ne jamais prendre la forme d’un plaidoyer mais de se cantonner à poser les enjeux, sans jamais se poser en juge ou en moraliste et de laisser ainsi au spectateur la tâche de prendre un parti. Les acteurs sont tous excellents, les images sont belles, les couleurs rendent compte de la beauté africaine et l’ensemble dégage une impression de perfection, tant sur le fond que sur la forme.
Dépaysement garanti avec cette plongée dans les bas-fonds des traditions sénégalaises. Moolaadé, polygamie, mariage arrangé, excision forcée, ... une sorte de best-of des traditions les plus éloignées de nos codes culturels occidentaux. Le tout dans un décor très exotique, comme la mosquée du village, copie-conforme de celle de Djenné au Mali. Si l'observation de ce microcosme passionne dans les premières minutes, l'intérêt s'essouffle rapidement. L'ultra-manichéisme du tableau décrit par Ousmane Sembene trouve assez vite ses limites. "L'excision est une tradition ancestrale" versus "c'est une pratique barbare", wouahou ! quel duel d'idées passionnant. D'autant qu'on tourne en rond. Bien sûr, les critiques de la presse ont été démesurément dithyrambiques lors de la sortie du film, le propos prenant le pas sur les qualités intrinsèques du film. Avec le recul, on se rend quand même compte des limites d'une telle œuvre.
Je suis tombée au hasard sur ce film à la TV et je n'ai pas pu m'empêcher de le regarder jusqu'à la fin. Une vraie perle dans le monde cinématographique! Des personnages vrais, une histoire vraie, parfois tragique, parfois drôle avec un rendu documentaire. Très beau film comme il en manque souvent!
La mutilation génitale féminine est une pratique illégale dans la majeure partie du monde, cependant elle persiste dans des pays africains comme le Sénégal. L'excision est considérée comme un rite primordial purifiant la fille, sans cela, elle ne peut pas se marier. Une mère du village, Colée, décide de s'opposer à ces ancestrales et brutales pratiques pouvant causer des problèmes graves jusqu'à la fin de ses jours voire lui amener la mort. La caméra d'Ousmane Sembène ne prend aucun parti pris et se contente d'observer cette rébellion, cette dernière ayant pour but d'abolir ces stupides rituels et ainsi tenter de libérer les femmes dominés par ces hommes machistes et violents. Les interprétations sont honorables, Fatoumata Coulibaly quant à elle est éblouissante. L'optimisme de ces femmes atteint son paroxysme par l'efficace ellipse finale appelant à la modernité. Une ode au changement que tout citoyen se doit de voir.
Magnifique ,il n'y a pas d'autre qualificatif. Ousmane Sembene est pour moi le Visconti Africain. Ses films sont tous à voir tant ils sont à la fois terriblement humains et complètement dépaysants pour le français que je suis. Ce film là, pour une fois mérite tous les compliments inscrits sur la pochette du DVD. On peut penser bien sur le contraire et trouver tout cela lourd,engagé,démonstratif et même militant...Quoi que militant,quel est le Breton ou l'Auvergnat qui souhaiterait que sa petite fille soit excisée? Il y a des combats qui ne nous concernent pas directement .Je pense qu'il est préférable de rester sur le cinéma et celui ci est difficilement reprochable tant il est rempli de grâces. Les enfants sont magnifiques et les femmes d'une grande dignité. Il faut vraiment leur arracher la chair de leur chair pour qu'elles perdent toute retenue...Bien entendu,on ne voit rien d'intime ,la pudeur demeure permanente,tout est suggéré et même l'assassinat du mercenaire est un modèle de sobriété. Je ne m'étendrai pas davantage, vous l'avez compris, c'est vraiment une œuvre à contempler pour tous les amoureux de septième art.
Bon film qui montre le poids et souvent même l'horreur des coutumes et tradition d'un village sénégalais. Histoire dure mais tendre et drôle parfois, le spectateur voit aussi la vie dans un village africain (rare dans le cinéma populaire donc faut regarder ce genre de film). Oeuvre utile même si la réalisation est simpliste malgré plusieurs beaux plans, la fin est pas la partie la plus réussie.
Ce qui est fascinant dans ce film, c'est qu'il réussit le pari de traiter d'un sujet très dur, l'excision, et qui peut sembler à certains rébarbatif, d'une manière particulièrement poignante et même poétique. C'est peut-être le meilleur film que Sembene ait produit, en tout cas celui qui est esthétiquement le plus abouti.
Comment combattre l'excision...? Ce Chef-d’œuvre tente de nous expliquer le poids de ce qu'on appelle "la tradition" et qui sert toujours de bouclier à l'ingérence! Maintenir "la paix sociale" dans un village Africain, suppose d'ignobles sacrifices silencieux, en l’occurrence celui de fillettes de huit ans totalement incapables de se défendre, à qui l'on arrache le clitoris à l'aide de couteaux rouillés. En plus de l'humiliation et de l'annulation définitive de leur vie sexuelle, les pathologies qui suivent sont à la mesure du crime et se soldent souvent par la stérilité, d'épouvantables tumeurs infectieuses ou une mort prématurée. Cette abomination pré-chrétienne remonte à l'antiquité et se perpétue dans l'indifférence, jusqu'en terre Européenne, parfois jusque dans les rues de Paris. Comble du cynisme: ce sont des Femmes qui la pratiquent et la transmettent de génération en génération. Les "exciseuses" s'érigent en castes toutes puissantes, que les hommes laissent libres d'agir, au nom de la continuité et du respect des Ancêtres...Que faire? Lorsqu'on est un très grand cinéaste Africain comme Sembene Ousmane, on se bat avec l'arme la plus efficace qui soit, venue du fond des âges: la représentation. Donner à voir pour expliquer, dénoncer et sensibiliser l'opinion. J'ai vu ce chef-d'oeuvre en 2005, je me souviens que Sembene Ousmane nous a quitté en 2007. Moolaadé a été son dernier "cri". Mais depuis 4 ans, combien de millions de fillettes ont été mutilées...? Je ne sais pas. Que vaut la vie des Femmes Africaines comparée aux enjeux fantastiques actuellement à l’œuvre en Irak et en Afghanistan...? Quand j'entends un Ministre de la guerre prétendre qu'on se bat contre les tueurs de Femmes, je n'y crois jamais. C'est de la bouillie pour les gogos. Et quand la politique est sourde, la culture se doit d'hurler. C'est ce que fait Sembene Ousmane. PhilD.
C’est à travers le combat d’une femme contre son village que Sembène Ousmane s’attaque à la tradition, traitant le sujet avec intelligence et subtilité, utilisant l’humour parfois pour un sujet difficile à aborder. Mais est-ce vraiment l’excision que le réalisateur dénonce, ou l’antagonisme de la modernité et de la tradition archaïque de deux Afriques contradictoires ? Ce film est aussi le combat courageux d’une femme pour ses enfants, un beau combat pour une Afrique moderne. Un film positif, drôle et émouvant.
L'excision étant une pratique "traditionnelle" unanimement condamnée en Occident, celle-ci n'a pourtant quasiment jamais fait l'objet d'un long-métrage... Fort heureusement, un réalisateur sénégalais, Ousmane Sembene, injustement méconnu, s'attèle à cette tâche. Et il s'y est magnifiquement bien pris puisque son oeuvre est pour le moins réussie... On regrettera un peu la candeur par trop distillée tout au long du film et le manque de force déployée dans le but d'en faire un véritable pamphlet... Cela dit, ces quelques défauts sont vite rattrapés par des images merveilleuses ainsi que des métaphores et symboles superbes... A signaler que le réalisateur Ousmane Sembene était âgé de... 81 ans lors de la réalisation de ce film! Bref, une oeuvre pédagogique essentielle et l'un des tous meilleurs films africains de tous les temps...
Poignant, saisissant... J'ai vu une réalité que je ne connaissais pas. Ce film est un "conte" qui traite d'une pratique touchant beaucoup de personnes en Afrique, mais aussi en occident. La façon de l'aborder est à la fois poétique et violente, mais le mélange des deux est superbement réalisé. Un film "classique et jeune à la foi" c'est tout à fait le mot qui convient. Des plans magnifiques, dans un village et une région magnifique.
Ce film réalisé par un sénégalais de 82 ans m'a impressionné.
FELICITATIONS!!
(Voilà, c'est un peu dans le désordre, mais je crois qu'on ne peut pas en donner...)
J'ai trouvé que le sujet de l'excision était bien traité. C'est une bonne manière de montrer aux pays occidentaux les coutumes des villages africains et de montrer aux africains les dangers de certaines traditions.
Ce film-documentaire nous a ravis! J'avais peur que les images soient choquantes mais il n'en est rien! Et le sujet ne traite pas seulement de l'excision et n'ennuie jamais.
Pour les amoureux de l'Afrique, les couleurs des costumes, les paysages, la concession, c'est absolument superbe.
Les Africaines ont joué leur rôle avec une grande conviction, peut-être mieux que de vrais comédiens à la recherche de sentiments ou d'expressions.
Des questions émergent après le film. Les femmes sont-elles si véhémentes à combattre cette pratique? Y-a-t-il des gens qui propagent "la bonne parole" pour empêcher de tels actes?
Plus que jamais, j'ai envie de me rendre en Afrique, de voir les gens vivre là-bas.
Ce film est sénégalais mais, si pas moins de cinq autres pays: la France , le Burkina-Faso, le Maroc, la Tunisie et le Cameroun, ont participé à sa production, c'est bien qu'Ousmane Sembene qui filme l'Afrique depuis 40 ans a voulu employer les grands moyens pour crier sa révolte contre la pratique barbare de l'excision dont on dit qu'elle sévirait encore dans plus de 25 pays. Le film se veut résolument pédagogique et cela entraîne quelques longueurs mais la deuxième partie est absolument poignante et d'une grande intensité dramatique. Le droit d'asile, le moolaadé s'oppose ici à l'excision, le salindé. Collé Ardo femme courageuse subit sans parler la flagellation que son mari est pour ainsi dire obligé de lui infliger pour tenter de lui arracher le mot qui rompra le moolaadé. On n'oubliera pas le chant de détresse de ces femmes devant la mort et leur chant de joie devant la vie. Les hommes cherchent à maintenir à tout prix cette tradition qui fait de leurs femmes leurs esclaves. Car c'est bien un problème de domination masculine même si ce sont des femmes qui tiennent le couteau et ritualisent cette agression. Les femmes progressistes vont faire bloc et affronter les hommes et leurs alliées les exciseuses avec une vigueur décuplée par l'indignation. L'autodafé des transistors illustre le combat d'arrière-garde des hommes pour priver leurs épouses de toute information. Pour une fois l'arrivée de la télévision sera perçue comme une libération. C'est très bien filmé dans de beaux paysages africains et avec un époustouflant symbolisme chromatique. Une histoire émouvante et finalement porteuse d'espoir.