Considéré comme l'un des chefs-d'oeuvres de l'âge d'or du grand cinéma Italien, "Eté Violent" mérite effectivement une attention du même niveau que bien d'autres films lui étant régulièrement préférés. Je l'ai vu le week-end dernier lors d'une réédition, et mes impressions sont certainement grandies par le plaisir de la salle obscure. Il s'agit d'une histoire d'amour durant l'été 1943, dans l'Italie encore fascite de Mussollini. Tragique, elle l'est de bout en bout. D'une noirceur édifiante, elle trouve sa plus grande puissance par rapport à son propos, pas si simple qu'il n'en a l'air. Le duo est au diapason et interprète très bien, sans surjouer, ce couple pris au piège de la guerre, en plus des autres multiples difficultés amoureuses "de routine". Cependant, il manque un petit quelque chose à l'ensemble, qui l'aurait certainement fait décoller entièrement vers les sommets. Appelons ça de la magie, cette petite touche d'émotion intense parvenant à toucher tout le long sans trop en faire. Cela, "Eté Violent" ne le réussit pas constamment, et c'est ce qui le sépare du plus grand Zurlini que sera deux ans plus tard "La Fille à la Valise". On notera tout de même cette soirée, où les êtres dansent, se regardant les uns les autres, finissant par laisser parler leurs sentiments les plus profonds avant tout autre chose. Lors de tels passages, on remarque l'empreinte d'un grand : un metteur en scène dirigeant parfaitement son cadre, maîtrisant au possible l'espace à l'écran, faisant de ses protagonistes des personnages à part entière, attachants et puissants sans avoir recours à d'inutiles dialogues à rallonge. La musique s'intègre complètement à la scène, comme lors de ce final remarquable, ne tombant pas dans le pathos malgré toutes les difficultés lui incombant.