Si je m'écoutais je dirais que c'est "le" meilleur film de Liu Chia Liang, non pas que martialement il soit supérieur au reste de sa filmographie (quoique...) mais que tout simplement je surkiff les films de Kung Fu violents, pessimistes et déchirant émotionnellement ( Pedicab driver est mon film préféré ? étonnant ), et à ce niveau là j'ai été servis.
Ce qui faut savoir avant toute chose c'est que l'acteur principal Alexander Fu Sheng est mort dans un accident de voiture en plein milieu du tournage, ce qui a eu pour conséquence de stopper la production du film pendant plusieurs mois et surtout de revoir entièrement le scénario, et c'est donc la principale raison pour laquelle son personnage est totalement absent dans la seconde moitié du film.
Un acteur que je ne connaissais pas, qui est plutôt agaçant dans le film, mais Gordon Liu semblait tellement ému dans les bonus en parlant de lui, que ça devait être un grand bonhomme, RIP, je materais ses Kung fu pian à l'occasion .
Ce film est aux antipodes de ses autres oeuvres donc, si je prenais son oeuvre référentielle La 36ème chambre de shaolin où toutes ses thématiques les plus chères sont rassemblées, excepté sa conversion au bouddhisme, rien ne les rapproches.
Même, Dans la 36ème... Gordon Liu ressors du temple Vertueux, sa quête de vengeance totalement disparue, avec l'espoir de transmettre son kung fu à "des jeunes pleins d'avenir" dans le but de se défendre contre l?envahisseur, intention louable donc, à contrario des 8 diagrammes de Wu-Lang où le personnage ressors avec le même esprit de vengeance qui l'animait depuis le début du métrage.
C'est là où le film se rapproche de l'oeuvre de Tsui Hark, "The Blade", Liu Chia Liang se sert de la caméra, du cinéma comme catharsis, il extériorise sa colère, sa tristesse et ça se ressent tout le long du métrage.
Les personnages n'arrêtent pas de gueuler pendant près d'une heure, il faut s'accrocher, les combats n'ont jamais été aussi trashs, aussi gores, aussi violents, c'est une véritable boucherie .
Le final est à ce titre un véritable carnage, arrachage de dents, hémoglobine à foison, sans pour autant oublier d'être superbement chorégraphié ( cf le combat sur les cercueils )
Je parle de boucherie, n'empêche que le combat au bâton ( ouais bon 99% des affrontements se font avec cette même arme ) entre Gordon Liu et Philip Ko, ici non violent ( le seul d'ailleurs) est une pure référence dans le genre, sans déconner, je place cet affrontement limite au même niveau que celui de Pedicab Driver, il est aussi rapide et tout aussi technique .
En dehors des combats, le film est bourré de scènes cultes ( Gordon Liu et son auto conversion dans le temple ), de plans majestueux et de décors intérieurs de toute beauté.
Bien sur je peux comprendre qu'on ne puisse pas adhérer à cette oeuvre, c'est tellement extrême dans le genre, c'est limite peu accessible pour le néophyte.
Les caractéristiques des films de la Shaw Brothers sont très présents, le premier grand affrontement dans un décors studios très minimaliste, certains acteurs proches de la théâtralisation ( je sais pas si ça se dit ), du kitch et du kitch mais bourré d'idées géniales, un scénario plutôt superficielle, mais ça serait passer à côté de la réalisation impeccable de Liu Chia Liang, de ses nombreux combats d'une inventivité folle, de la tension vengeresse qui ne quitte pas le film, d'un passage au temple magnifique, d'un Gordon Liu plus charismatique que jamais.
Un film à voir.