"La fin des années 80 n’a pas été épanouissante pour tout le monde, notamment en Finlande, territoire finalement peu connu du grand écran, ainsi que des cartes postales. Aki Kaurismäki souhaite alors prolonger son étude du prolétariat, initiée avec Ombres au paradis et Ariel. Toujours plongé dans un milieu industriel, La Fille aux allumettes établit le terrifiant portrait d’une société qui muselle ses citoyens, condamnés à fantasmer leurs désirs, jusqu’à ce que le cœur l’emporte sur la raison."
"Très inspiré par le cinéma français des années 50-60, de Robert Bresson à Jean-Pierre Melville, en passant par Jean-Luc Godard, le cinéaste finlandais impose son style dans l’adaptation d’un conte tragique, celle de La Petite Fille aux allumettes d’Hans Christian Andersen. Dans l’œuvre originale, une jeune fille miséreuse brûle tour à tour des allumettes, afin de se réchauffer, puis de fantasmer sur tout ce qui lui manque cruellement dans sa vie. Un bon repas ou simplement de l’affection, ces petits miracles ne durent que le temps de la combustion. [...] Manifester son désarroi ou sa solitude sont des expériences nouvelles pour Iris, qui passe à côté de tous les moments clés de sa vie. Elle en est consciente, mais la littérature, le cinéma ou une histoire d’amour bancal ne sont pas d’assez bons refuges, afin de la sortir de son calvaire quotidien."
"« Pour que la vie soit un conte de fée, il suffit peut-être simplement d’y croire. » L’optimisme de Walt Disney n’a aucune valeur dans ce monde où l’on se parle à peine et où l’affection n’est qu’une option. Rêver n’est pas permis pour une héroïne qui doit prendre en main sa vie, sans attendre qu’on vienne la sauver, sans attendre qu’on vienne l’enterrer dans l’anonymat. La Fille aux allumettes est un conte corrosif, dont l’humour noir laisse rapidement place aux ténèbres qui consument peu à peu toute perspective d’un avenir radieux."
Retrouvez ma critique complète sur Le Mag du Ciné.