Kim ki duk ou le maitre de la métaphore au cinéma. Son "Samaria" est incroyable, fort, sensible et touchant tout autant que dur et troublant. Les trois parties sont bien fournies, bien dosées et agréablement réfléchis. On ne peut que rester silencieux devant cette magnifique dernière partie...
Violent, cru, réaliste, magnifique, Kim Ki-Duk nous présente un cinéma fidèle à ses thèmes de prédilection, adolescence, prostitution et religion. Un film coréen aussi terrifiant et prenant qu'Old Boy.
Mon 2eme Kim Kiduk après "Printemps été automne hiver et printemps". J'y retrouve le même style et les même défauts.Avec de beaux paysages calmes et une histoire tordue saupoudrée de raccourcis incohérents ou peu crédibles. Une première partie bien menée autour de la rédemption d'une rabatteuse. Une 2ème partie qui dégringole dans l'échelle de l'intérêt scénaristiquespoiler: (action du père, puis le voyage final) . Ce qui m'a le plus gêné est le manque de cohérence de certaines scènes (père qui suit la voiture et se retrouve au milieu d'un champs comme par magie, le père qui entre chez les gens en plein repas de famille...) en opposition avec la cruelle réalité que dénoncait le film dans sa 1ère partie à savoir la prostitution des mineurs. Le film vire alors au "contemplatif" avec des scènes de nature sans but ni message. Kiduk arrive à filmer pendant 5 minutes une voiture coincée par deux cailloux, un exploit. Un "témoignage" important malheureusement mal exploité qui se perd avec l'accumulation de scènes peu crédibles puis dénuées d'intérêt. Si vous cherchez un excellent film d'animation sur le sujet, vous avez "Colorful", en film coréen il y a un film correct qui y fait allusion : "Broken".
Ce qu'on peut dire de Kim Ki Duk c'est que ses films nécessitent tous plusieurs visionnages pour comprendre l'ampleur de ce qui est abordé. Pour "Samaria" on peut diviser la critique en deux parties, la première concernant la relation Yeo-Jin/Jae-Young et la seconde la relation Yeo-Jin/son père. Dans la première partie du film on semble être témoin de l'affrontement de deux idées présentes à l'adolescence: l'importance du corps.Je parle d'adolescence malgré leur bientôt 20 ans car une des premieres séquences voit les filles manger une glace (image de l'enfance) avant d'aller à l'hotel pour une passe (antagonisme). Pour l'une des filles le corps n'est qu'une enveloppe censée protéger l'âme qui elle, compte vraiment. Comme on le voit elle semble ne pas porter d'importance aux relations sexuelles mais s'accroche à l'amour, aux discussions etc.D'ailleurs son corps lui est tellement étranger qu'elle n'hésite pas à sauter par une fenêtre pour échapper a la police. Pour l'autre le corps est tout, elle est pudique (sauf avec son amie dans les douches), le sexe est significatif ("vous avez couché avec elle, elle n'est pas une inconnue"). Dans la seconde partie ce thème subsiste un peu avec le père (brulure volontaire et violence contre les autres) mais on découvre plutôt un chemin de rédemption pour les deux personnages qui vont tenter d'oublier leurs déviances qu'ils viennent de quitter, dans un coin reculé de la campagne comme pour ressourcer leur âme, son essence. Pour cette rédemption, Kim Ki Duk va se servir de l'eau purificatrice, d'abord sous forme de douche dans la première partie puis sous forme de lac et de douche pour la seconde. Il y aurait encore trop de choses à analyser et c'est peut être la faiblesse du film, on s'y perd un peu en réflexions et métaphores et cela entraine certaines longueurs. On pourrait pour finir s'interroger sur la présence récurrente chez Kim d'un personnage "espion", une caméra subjective impliquant le spectateur dans un rôle de voyeur.
Un début un peu particulier avec des jeunes filles rêveuses aux comportements inattendus, la deuxième partie est plus intéressante avec le père qui ne comprend pas ce qui lui arrive. Le passage symbolique à la vie d'adulte à la sauce coréenne à la fois poétique et violent, assez bien joué.
L'un des Kim Ki-duk les plus classiques dans sa mise en scène, dans laquelle le réalisateur brille moins qu'à l'accoutumée, frisant parfois le cliché. L'oralité est étrangement de mise, les plans moins contemplatifs, avec moins de non-dits. Si une fois de plus la prostitution, la mort, le suicide, la rédemption, la recherche d'un ailleurs et la noirceur morale de la ville n'étaient pas abordés, on pourrait douter qu'il s'agisse bien d'un kkd (j'ai d'ailleurs revérifié la jaquette au bout de 3 minutes de film...). Alors qu'on est habitué à un discours subversif, il est ici très tendancieux, ce qui est toujours plus intéressant car plus personnel. Le réalisateur vise avant tout l'adolescence coréenne de notre époque et sa prostitution (la prostitution de notre époque, pas des adolescentes coréennes... je veux dire, elles sont pas toutes putes -sauf chez KKD-).. La construction du film et des scènes suit une logique implacable et très épurée. Certains passages du scénario peuvent sembler tirés par les cheveux, peu crédibles tant les circonstances coïncident dans une optique symbolique, mais l'intérêt du film ne réside pas dans son réalisme mais son idée générale. Bref, c'est pas une ambiance American Pie ou Spring Breakers, et c'est pas le meilleur Kim ki duk mais ça se regarde. Pas immersif pour un sous, il y a de bonnes idées dans certaines scènes. Trop classique.
Le prolifique réalisateur coréen Kim Ki Duk s'attèle à l'histoire de deux étudiantes qui se prostituent dans le simple but de récolter de l'argent. Dit comme ça tout parait simpliste et pourtant Ki Duk va beaucoup plus loin dans son approche en abordant avec finesse la caractérisation de chacun de ses personnages. Des personnages qui d'ailleurs bénéficient d'un point commun: chacun d'eux baignent dans l'absence. Cette absence se décline en plusieurs catégories qui pourraient être l'absence sentimentale, physique ou même incapacité à communiquer. De plus chacun des personnages paraît porter le fardeau de l'autre.
L'un des points important de l'œuvre de Kim Ki Duk c'est sa manière d'aborder le sujet sans tomber dans la dénonciation et c'est probablement ce qui fait de Samaria un film assez fin. Le réalisateur arrive à concilier les points de vue avec une facilité déconcertante, donnant presque par moment un sentiment de malaise devant ce maelström d'opinions. La mise en scène arbore constamment un coté détaché et spontané qui pourra probablement en rebuter plus d'un mais qui plaira à bien d'autres.
Concluant son film sur un dernier plan-séquence assez intéressant dans la symbolique, Kim Ki Duk réussit un film complet et intéressant. Et même si il ne se révèle pas indispensable, il reste néanmoins un bon moment de cinéma comme on aimerait en avoir plus souvent.
Décevant Kim Ki-Duk sur ce coup-là. Une première partie qui semble avoir été faite à la va-vite, puis une suite dans laquelle on retrouve plus le savoir-faire du réalisateur... L'ensemble reste, compte-tenu du sujet abordé et de la gravité des actes, assez superficiel et émotionnellement stérile.
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1,0
Publiée le 1 mars 2021
Ce film est en dessous de la moyenne. Il s'attarde sur une même veille idée sans y ajouter de nouvelle substance intéressante. Je me suis vite ennuyé à cause de cela. Le jeu d'acteur semble si forcé du côté des filles. Je vis dans une société moderne où la virginité de la femme ne joue plus un rôle aussi important. Alors l'idée que le père tue la pureté de sa fille me semble si étrange. Je sais que cela se produit encore aujourd'hui dans de nombreuses régions du monde mais ce film se situe dans la société coréenne moderne. Si cela s'était passé il y a une centaine d'années cela ne me dérangerait pas mais nous vivons au 21ème siècle maintenant. Samaria aurait été une excellente idée pour un roman historique mais pas pour un film de 120 minutes...
Depuis 3 ans on a bien compris que le cinéma coréen oscille entre auteur et grand guignol sanguinolent, à part l'exception "Oseam". Là, c'est la tendance Ovni. Le thème central est toujours la Lolita et les vieux qui salivent, mais la métaphore du film est assez originale. A défaut d'être vraisemblable. Il faut bien le dire la scène de la fin, subtile et contemporaine, sauve le film, qui a du mal à sortir d'une poésie adolescente trop lente et pleine de clichés pervers. Pas de scènes de sexe, c'est l'un des points qui rehausse le film. La bande son par contre est étrange, puisque l'on sent des emprunts à des films européens, dont l'air de "Quel dommage" de Jay Jay.
J’ai eut l’occasion de revoir ce film, en VOSTF cette fois (je l’avais vu une première fois en VF) et sa place dans mon classement des meilleurs films a changée. De second meilleur film il est passé à la première place. Ce film est le plus beau de tous les films que je n’ai jamais vus, une perfection, un summum. L’histoire est à la fois dérangeante et belle, et chaque scène ou presque apporte son développement à la personnalité des héros. Les acteurs jouent magnifiquement leurs rôles, même ceux occupant des places secondaires. La seule chose que je regrette ? C’est que ce film est trop beau pour un jour admettre une suite. La fin de ce film est la seule fin acceptable pour un tel film. Et, en réalité, si l’on considère le contenu du film lui-même on peut réellement dire que c’est une fin heureuse. La symbolique est très forte dans ce film, et il ne faut pas faire autre chose pendant que l’on regarde ce film au risque de passer à coté de l’essentiel. spoiler: Par exemple, même si cela peut paraître évident, il faut comprendre que Yeo-Jin aime et Aime son amie et que c’est pour cette raison qu’elle est fâchée lorsque celle-ci discute avec ses clients. En effet, c’est par peur de la perdre plus que par dégoût pour ces clients qu’elle ne veut pas que Yae-Young leur parle . On appréciera aussi que le film ait gardé une certaine pudeur malgré la présence de quelques scènes de nudité (mais où tout ce qu’il faut cacher l’est et qui ne sont pas là pour racoler : la nudité est un fait qui accompagne certain instant, il n’y a pas de posture provocatrice ou d’angle de vue subversif). J’apprécie énormément le jeu d’acteur que nous livre l’actrice qui joue Yeo-Jin. Lorsqu’on sait qu’elle était en pleure à cause de ce que vivait son personnage lors du tournage du film on ne peut s’empêcher de se sentir un peu coupable pour elle. Ce film est parfait, et encore une fois on regrette qu’une suite soit absolument impossible, au moins pas en tant que « remake » du premier (car une page a résolument tournée pour les protagonistes de cette histoire). En revanche, un film sur la vie de Yeo-Jin quelques années plus tard (lorsqu’elle entre dans la vie active ou même encore plus tard lorsqu’elle a (et si elle a) des enfants) serait très intéressant. Mais ça reste peu probable. Je n’ai pas parlé de la bande sonore, mais là encore c’est un sans faute : les musiques sont belles, et même très belles, à la fois simple et harmonieuse, et contenant réellement l’émotion du moment où elles sont jouées. J’ai visionné ce film un certain nombre de fois en VF et j’ai pu découvrir de nombreux « symboles ». Mais j’ai le sentiment que certains m’échappent toujours, spoiler: comme la feuille rouge parmi les feuilles jaunes lorsque le livre tombe par terre.
Ce film est à voir absolument, mais n’est pas à regarder en famille ou en couple : la gène ne se ressent bien que lorsque l’on est seul avec soi-même, sans échappatoire à ce qui nous est présenté. De plus, il faut vraiment prendre le temps de ne faire que ça, au risque de passer à coté du message et de s’ennuyer (en plus de gâcher une œuvre exceptionnelle).