Vers la fin de sa carrière, Claude Berri était revenu aux films intimistes de ses débuts. Fini les grosses comédies, les fresques historiques qu'il a pu produire, les adaptations littéraires, il préfère nous parler de ses angoisses, de ses doutes et de ses frustrations sexuelles et amoureuses. Ce fils, victime d'un accident de moto et ne pouvant plus marcher, c'est peut-être son propre fils tombé d'une fenêtre et qui a fini par se suicider. Il a mis beaucoup de lui dans L'Un reste, l'autre part. Il y a l'affiche de Tchao Pantin sur un mur, Alain est propriétaire d'un magasin d'art africain (il était amateur d'art contemporain) et d'un chien un peu le même que celui de Trésor, il tourne avec Charlotte Gainsbourg après avoir tourné sous la direction de son père dans Stan the Flasher. Il nous fait suivre le parcours de deux amis mariés de longue date, la cinquantaine, mais qui s'interroge sur la force de leur amour. Ils font même plus que s'interroger. Dès que leur femme tourne le dos, ils s'envoient en l'air avec des femmes deux fois plus jeunes qu'eux. Ça pose la question de la fiabilité du mariage. Est-ce que finalement on est fait pour rester avec la même personne toute sa vie ? Les femmes, elles, sont beaucoup plus fidèles, aimantes, douces là où les hommes ne savent pas prendre une décision, font preuve de lâcheté et passent leur temps à mentir. Vouloir être heureux tout en ne blessant pas l'autre (se faire plaisir mais être égoïste ou se sacrifier mais être malheureux), c'est un difficile exercice d'équilibriste qu'ils essaient de mener. Le plus déprimant, c'est que chaque partenaire n'est peut-être que de passage et que les mots, les actes, les souvenirs ne comptent plus. Une idylle naît, vit et meurt. Et arrive la suivante. Et on recommence tout. Qui trinque dans tout ça ? Les enfants qui ont à subir les histoires des adultes. Si tout pouvait être aussi simple que dans un conte de Perrault.