Un documentaire à l'image de Ferrara et ses films : étrange, avec un refus constant du conventionnel, déjanté, intriguant, passionnant mais pas toujours parfait. Il sert à mettre en valeur la personnalité du metteur en scène mais n'analyse à aucun moment ses films. Seuls deux extraits sont utilisés en 1h20 : l'un issu de "Bad Lieutenant", l'autre de "New Rose Hotel". Ils complètent en fait les images que l'on a à cet instant. Aucun commentaire n'est fait : il n'y a pas de voix-off, les réalisateurs se sont contentés de filmer et monter et c'est tant mieux. A défaut de comprendre le cinéaste, on s'intéresse à l'homme. Il est bavard, a tout le temps une anecdote à raconter, s'agite sans cesse et se perd parfois dans ses explications ou événements relatés. Passionné de musique, de cinéma, il ne prend rien au sérieux, et mieux encore, se moque de tout. Ce n'est pas de la prétention, au contraire : mais il considère tout le monde comme si peu, y compris lui-même qu'on voit bien qu'il n'est pas hautain. Toujours au service de ses acteurs dans sa direction, son traitement vis-à-vis d'Harvey Keitel tel qu'il le raconte peut laisser perplexe : son interprète est roi et rien ni personne ne peut le déranger. Mais ce n'est pas un documentaire sur le cinéma, plutôt de ces marginaux indépendants le constituant : ils errent dans les rues de New-York, boivent, fument, s'arrêtent dans un lieu, repartent, croisent du monde, connu (d'eux-mêmes, pas des célébrités) ou pas et surtout assènent le monde de répliques singlantes : ("C'est tête de noeud mon nom !"; "Donnie Brasco est un film débile"; "Voilà ce que ça donne d'avoir un ado comme monteur"; "Je me fous de cet article de merde (rapport au cinéma), "Vous vous demandez sans doute quand on écrit des scénars ou qu'on fait des films : jamais, des gens s'en chargent pour nous" etc...). Ses petits budgets et le mépris des producteurs à son égard imposent le respect, car ses résultats sont admirables en plus de personnels.