Ce film s’inspire, je trouve, du style de R*man P*lanski, et notamment de « Rosemary’s baby ». Non seulement par son thème qui tourne autour du diable, mais aussi par sa direction artistique. Le montage est très modeste, sans exagération des effets visuels à part quelques scènes horrifiques qui permettent de maintenir un sentiment d’incompréhension. L’angoisse du film passe par une bande-son de James Newton Howard, discrète et perturbante, qui instaure une ambiance malsaine sans non plus être omniprésente. Encore une fois tout est dans la subtilité et c’est ce qui rend la réalisation d’autant plus dérangeante. C’est un film plein de mystère laissé en suspens afin d’agrémenter une intrigue perturbante et attiser notre curiosité. On s’impatiente de savoir le dénouement pour mettre fin à cet sensation d’impuissance face à ce héros, ou plutôt cet anti-héros, qui tombe dans le piège. Tous les protagonistes semblent complotés, tout est étrange et véreux, on sait que quelque chose se passe sans pouvoir en attester réellement. Il règne un suspense palpable des plus frustrant mais aussi un malaise constant. On peut même ressentir à travers l’écran les mauvaises énergies de ce terrible immeuble. L’attitude des personnages participe énormément à notre questionnement, tous plus suspects les uns que les autres. Notamment Al Pacino qui, par son charisme irréfutable, a su mener à la perfection le rôle du grand et énigmatique Satan. Quel talent immense dans ce petit bout d’homme au regard assassin. En revanche l’aspect qui me dérange dans ce film, et qui m’a aussi énormément rappelé « Rosemary’s baby », est cette acharnement envers Mary Ann qui, de ce fait, finit par passer pour une dégénérée hystérique. Je remarque que ce rôle est souvent tenu par l’épouse et c’est assez lassant. Et contrairement au jeu d’acteur de Keanu Reeves que je trouve excellent, celui de Charlize Theron est plutôt insupportable, en concordance avec son personnage. Malgré ce détail qui dégorge d’un avis strictement personnel, le film est très intéressant, les discours sont percutant et mènent à une grande réflexion sur notre vision du tout puissant. «Dieu aime regarder, c'est un farceur. Réfléchis, il accorde à l'homme les instincts, il vous fait ce cadeau extraordinaire, et ensuite qu'est-ce qu'il s'empresse de faire ? Et ça, je peux te le jurer, pour son propre divertissement, sa propre distraction cosmique, personnelle. Il établit des règles en opposition. [...] C'est un refoulé, c'est un sadique, c'est un proprio qui habite même pas l'immeuble !». La fin est géniale, elle conclut parfaitement cette longue réalisation avec en accompagnement « Paint it black » des Rolling Stones, l’homme reste corrompu et incorrigible. « La vanité, c'est décidément mon péché préféré. ». En résumé c’est un très bon film, et même si ce n’est pas forcément mon genre préféré, il mérite toutefois son succès.