Un petit jeu sans conséquence : les secrets du tournage

Un petit jeu sans conséquence est à l'origine une pièce de théâtre, coécrite par Gérald Sibleyras et Jean Dell, comédien aperçu notamment dans Un crime au paradis et Les Rois mages. Tous deux avaient auparavant signé le spectacle Le béret de la tortue, mis en scène par François Rollin. Mais c'est avec Un petit jeu conséquences, monté en 2002 par Stéphane Hillel au Théâtre La Bruyère, qu'ils décrochent un grand succès public. Le spectacle obtient l'année suivante pas moins de 5 Molières : Meilleur spectacle privé, Meilleur spectacle de création, Meilleur metteur en scène, Révélation théâtrale féminine (Valérie Karsenti) et Révélation théâtrale masculine (Marc Fayet).

Plusieurs des comédiens d'Un petit jeu sans conséquence se sont fait connaître au théâtre : les rôles de "briseurs de couple" sont tenus par deux membres éminents de la troupe des Robins des Bois : Jean-Paul Rouve et Marina Foïs. Gérard est interprété par Michel Vuillermoz, qui triompha au théâtre dans le rôle d'André le Magnifique (un spectacle qui donna lieu à un film en 2000). Annick Blancheteau, alias Josette dans le film, est elle aussi connu pour ses prestations théâtrales

Sandrine Kiberlain et Yvan Attal, qui forment le couple central du film, se retrouvent dix ans après Les Patriotes, le film d'espionnage qu'Eric Rochant tourna en Israël. Le cousin pique-assiette Gérard est incarné par Lionel Abelanski, qui avait déjà le don d'exaspérer Yvan Attal, à force de lui parler de son épouse comédienne, dans Ma femme est une actrice.

Bernard Rapp évoque les circonstances dans lesquelles il a découvert le spectacle Un petit jeu sans conséquence : "J'étais en mixage de mon précédent film [Pas si grave, sorti en 2003], en Belgique, lorsque Bruno Pésery m'a appelé en me demandant d'aller voir cette pièce dont il avait acquis les droits. Lorsque j'y suis allé, la salle était comble, comme chaque soir. Le public s'amusait beaucoup de cette histoire de séparation, pourtant très cruelle. C'est cette cruauté, mélangée au rire qu'elle suscite qui m'a beaucoup intéressé."

La transposition à l'écran d'une pièce de théâtre est un exercice périlleux. Bernard Rapp précise ses choix de mise en scène : "Dans la mesure ou Un petit jeu sans conséquence repose sur un dialogue à la fois drôle et omniprésent, et où l'action est tenue à l'unité de temps (une journée) et de lieu (une maison), je devais m'appuyer sur ces caractéristiques. Ma démarche s'est inscrite dans une simplicité et une humilité qui avait pour but de laisser place à la performance des comédiens. Cela produit un sentiment de mise en scène classique que certains jugeront peut-être peu inventive. Mais je me suis attaché à trouver du rythme en associant des plans presque toujours en mouvement (au steadycam) et en privilégiant l'accompagnement des acteurs."

Ce n'est pas la première fois qu'une pièce de théâtre à succès fait l'objet d'une adaptation cinématographique. Citons Le Père Noël est une ordure de Jean-Marie Poiré, écrit et interprété par la bande du Splendid en 1982, Cuisine et dépendances (Philippe Muyl, 1992) et Un air de famille (Cédric Klapisch, 1996), spectacles signés Bacri et Jaoui, ou plus récemment André le magnifique, écrit par une troupe qui comptait notamment Isabelle Candelier et Michel Vuillermoz, et porté à l'écran en 2000 par Emmanuel Silvestre et Thibault Staib.