En V.F. Il m'a fallu attendre jusqu'à la fin des 2h10 de films pour me faire un avis définitif. Enfin, cela parait logique, on ne juge pas un film avant d'avoir tout vu, mais la progression de ce Memories of Murder est si particulière que l'impression qu'on en a varie vachement. Pour cause, si je regarde rétrospectivement, je pense que je lui aurait attribué 8 en intro, 7 ensuite, remonté un 8 ensuite, pour conclure sur un 9. Je ne donne pas dans la moyenne donc je conserve cette dernière note. Attention, possibles esquisses de grandes lignes dans mon commentaire, mais j'essaye d'éviter au maximum les spoilers.
Parce que nous avons bien plusieurs genres dans ce film qui se côtoient, qui parfois se mélangent ou sont au contraire bien séparés. Ainsi, l'ouverture est presque une comédie. Song Kang Ho fidèle à ses rôles de tarjés, est un policier de campagne un peu simplet, aux méthodes limite limite, qui se trouve à enquêter sur une sordide histoire de meurtres. Malgré la gravité des actes, le ton est presque décalé, ironique. On rigole a moitié sur le cadavre, on prend l'enquête à la légère, les interrogatoires musclés s’enchaînent sur ce même ton. L'arrivée de Kim Sang Kyung, policier de Séoul, va donner lieu aux habituels confrontations entre policier bouseux des campagnes et gendre idéal des villes. Mais petit à petit, une autre ambiance s'installe. Les echecs arrivent, le blocage, les dérapages. Un tournant dramatique se met en place. On rigole toujours pas mal, surtout parce que les policiers ramenent au commissariat tout les crétins du coin. Mais malgré tout, l'ambiance n'est pas la même. Le sérieux, le doute commence à gagner les protagonistes. Les tensions entre les deux héros ne sont plus les mêmes, si c'était sur des querelles de manières, c'est maintenant presque un cri désespéré qui les déchirent. A chaque fois que l'enquête avance, l'espoir revient, le ton comique aussi. Mais la rechute, derrière, est encore plus terrible. Les trente ou quarante dernières minutes sont assez incroyable. La transition opérée par Bong Joon-Ho est remarquable, un peu comme il l'a fait avec The Host après. Le réalisateur coréen bouleverse totalement sa mise en scène : lumière sombre, scènes plus longues et lentes, moins de dialogues mais une caméra fixée sur les regards. Nous n'avons plus du tout envie de rire. Nous ressentons, comme les héros, une crispation, et partageons sans effort le désespoir d'un Song Kang Ho et d'un Kim Sang Kyung, vraiment nickels dans leurs rôles. Les dernières minutes finissent de nous achever dans l'intensité dramatique.
Memories of Murder s'avale bien, sans temps mort, le rythme est soutenu grâce à la savante progression de l'oeuvre. La photographie est parfois soignée, même si on est le plus souvent dans un huit clos, quant aux acteurs une nouvelle fois, surtout les deux principaux, sont parfaits. Memories of Murder est vraiment un très bien policier, qui a en plus le mérite d'évoquer le cas des serials killers d'une manière très intelligente. Ainsi, si les américains ont cette façon de faire impudique, qui donne souvent dans un spectaculaire un peu répugnant, Bong Joon Ho a clairement choisit de se concentrer sur l'influence psychologique qu'apporte ce genre d'affaire aux enquêteurs.
Memories of Murder tape pour moi très fort, et se situe clairement dans les meilleurs films policier que j'ai vu. Oeuvre que je vous conseil de voir vivement.