J’ai jamais vraiment aimé ce film, déjà parce que l’épouvante (soyons honnêtes, pour de l’horreur faudrait que ça fasse bien plus peur) n’est pas mon crédo, ensuite parce que c’est à partir de là que Sarah Michelle Gellar a été complètement cataloguée dans ce genre.
Bon elle l’a cherché aussi à force de se produire uniquement dedans (Souviens-toi l’été dernier, Buffy du coup, Possession, Scream 2), seul Scooby Doo montre une diversité dans sa palette d’actrice, et encore cela reste peu éloigné de l’épouvante et ça n’a pas sorti sa carrière de l’ornière. Après, quitte à draguer les fans de séries (et couler leurs acteurs), autant faire un groupement. J’appelle donc Jason Behr, aka Max de Roswell (lui vu la suite ça l’a complètement enterré), Rosa Blasi (qui passait de sitcom en sitcom à base d’apparitions), William Mapother (fallait une tronche spéciale, voir moche), Clea DuVall (dans Buffy et Bones), KaDee Strickland qui ressemble énormément à l’héroïne, ainsi qu’une figure connue pour rajouter de l’aplomb et du sérieux ça devrait convenir, sauf que le président d’Independance Day (Bill Pullman) ça va pas chercher très haut.
Ça tombe bien, les films d’horreur sont ceux qui demandent le moins d’acting, ou là où le mauvais jeu se voit moins. Du coup quand t’es producteur tu mises sur la popularité pour rafler le magot facilement et tu économises le salaire avec ces « stars bas de gamme ». Si en plus on peut piquer une histoire qui marche ailleurs c’est encore mieux, pas la peine de chercher ni d’engager des scénaristes. Voilà les origines de The Grudge version US. Sauf que l’histoire provient du Japon, et les longs métrages revisités par les ricains ça donne rarement du bon (True Lies étant peut être la seule exception, à côté de ça on a les Visiteurs en Amérique). Le manque de moyens n’étant pas en cause il faut donc chercher ailleurs, et là on trouve : une mauvaise histoire car trop édulcorée afin de plaire au public US, une trame ultra prévisible, des scare jump pour tout sursaut car l’horreur est absente, un suspens trop artificiel pour fonctionner, un rythme haché par trop de longueurs, une psychologie des persos absente ici alors qu’elle tenait une place importante dans l’original, une musique à peine potable, des dialogues plats… Bref prendre le réalisateur spécialiste de cette œuvre ne suffit pas si on le musèle.
Enfin ça débouche sur une œuvre facile et rapide, un peu fast food, vite montée et vite consommée, sans doute pour être aussi vite oubliée. Ça surfe sur les succès de certains têtes d’affiche, même si elles jouent mal c’est pas ce qu’on leur demande, de toutes façons c’est le présent qu’on vise pas leur futur. Le pire c’est que le cinéma d’horreur en pâtit, car le côté commercial le dénature grandement. Ça nous donnera des Paris Hilton et des Jessica Biel qui suivront cette voie et finiront d’achever un genre qui ne se relèvera qu’avec des « Get out », c’est dire…