Jours d'hiver est une adaptation d'un renku du poète Japonais Bashô. Le XVe siècle au Japon a vu fleurir une forme poétique nommée renga. Il s'agit d'un poème produit collectivement par plusieurs auteurs. Chaque poète ajoutait alternativement des versets de 17 syllabes (5-7-5) et de 14 syllabes (7-7). Le renga se caractérise par une grande liste de contraintes littéraires. Seuls les plus érudits pouvaient par conséquent se prêter au jeu. Au XVIe siècle, avec l'apparition du haïkaï, poème humouristique et populaire, le renga devint renku. Si la structure ne change pas, le renku aborde des thèmes plus populaires en utilisant des règles simplifiées.
Jours d'hiver illustre le premier renku du poème éponyme de Matsuo Munefusa (Bashô). Bashô (1644-1695) est connu comme le premier grand poète de l'histoire du haïku et est, avec Chikamatsu Monzaemon et Ihara Saikaku, l'un des trois grands écrivains du "siècle d'or d'Osaka".
La parole à Kawamoto Kihachirô, initiateur du projet collectif Jours d'hiver : "C'est un projet que je portais en moi depuis une quinzaine d'années. Cela fait très longtemps que je m'intéresse à l'oeuvre de Bashô. Le point de départ de cette passion fut un livre intitulé "Le monde de Bashô", écrit par un professeur d'Université nommé Ogata Tsutomu. Il décrit la vie qu'a mené Bashô, partagée entre la vocation d'artiste et celle d'artisan. Quant à Jours d'hiver, cette oeuvre fait partie d'un de ses plus célèbres recueils de poèmes, qui regroupe en plus de lui cinq autres poètes. [...] Ce qui m'intéressait, c'était de voir comment des artistes aux styles très différents parvenaient au fur et à mesure et collectivement à élaborer une oeuvre cohérente, dans une logique de concurrence ou tout au moins d'émulation. Cela me semblait être le point de départ idéal pour rassembler des réalisateurs de cinéma d'animation, aux styles également très différents".
Parmi les 37 contributions à Jours d'hiver, on peut noter celle de l'animateur Belge Raoul Servais, qui a remporté en 1979 la Palme d'or du Meilleur court-métrage d'animation avec Harpya; Isao Takahata, à qui l'on doit Mes voisins les Yamada et surtout un bouleversant joyau de l'animation : Le Tombeau des lucioles. Koji Yamamura a quant à lui été cité à l'Oscar en 2002 pour le Meilleur court-métrage d'animation. Enfin, on peut citer le Russe Alexandre Petrov, qui a remporté l'Oscar du Meilleur court-métrage d'animation en 2000 avec Le Vieil homme et la mer ainsi que le Grand Prix à Annecy.