Les voitures qui ont mangé Paris est le premier long métrage de Peter Weir. C’est un film étonnant, et plutôt réussi dans l’ensemble.
Coté interprétation on ne peut nier un bon niveau, malgré la présence d’acteurs peu connus. Le casting est ainsi emmené par Terry Camilleri, lequel livre une prestation très plaisante. Il convient parfaitement à son rôle, il s’investit de manière très sensible dans le film, et il est agréable à suivre dans ses mésaventures. Pour le reste les habitants de Paris (lequel n’a rien à voir avec notre chère capitale) sont bien inquiétants et mystérieux sous des dehors quelconques. Ils sont moins caricaturaux et excessifs que les habitants habituels de ces bourgades rurales où germe le mal, et du coup, avec sobriété et finesse, les acteurs retranscrivent des personnages plus réalistes. A noter que si certains profils ont vieilli (les loubards un peu punks sur les bords), globalement cela n’est pas dérangeant.
Le scénario lui est globalement réussi. Il développe une histoire originale, assez prenante, dotée d’un suspens qui tient la route. Maintenant, il faut reconnaitre que comme tous réalisateurs d’un premier long métrage, Weir ne maitrise pas pleinement les difficultés du format. Il y a quelques longueurs, un manque de fluidité certain, en particulier dans la première partie, et tout ce qui nous est montré à l’écran n’est finalement pas important dans l’histoire, et casse la dynamique du film de manière parfois un peu pénible. Cela n’est pas rédhibitoire néanmoins, et est pardonnable compte tenu du fait qu’il s’agit d’un premier essai du réalisateur australien, qui s’est largement perfectionné par la suite.
Sur la forme, par rapport au budget, à l’ancienneté du film, il ne faut pas s’attendre à des miracles. Maintenant je salue la mise en scène de Weir. Un peu statique par moment, on ne peut néanmoins lui enlever une réelle recherche artistique, notamment dans la mise en scène des accidents. Il offre un travail sobre mais maitrisé. La photographie est un peu quelconque, mais cela suffit largement à apprécier le métrage, qui bénéficie de décors solides. C’est surtout vrai des paysages, mais aussi de la ville de Paris, qui, si en elle-même elle n’offre rien de remarquable, délivre une atmosphère réussie. Quant aux voitures, elles ont visiblement souffert d’un manque de budget. Néanmoins le concept des « frankenstein automobiles » est plutôt ingénieux pour palier cette difficulté, et il y a tout de même une apparition de la voiture hérisson de la jaquette. A noter que le métrage n’est pas très sanglant, avec peu de trucages horrifiques. Enfin, musicalement il y a eu un effort de fait, avec une bande son bienvenue, qui sans être géniale, et un excellent complément pour l’ambiance du film.
Pour conclure sur ce métrage, il vaut le coup d’être vu au moins une fois. Il est certain qu’il faudra faire preuve d’indulgence par rapport au budget, à l’âge du film, et au fait qu’il s’agit d’une première réalisation de Peter Weir. Néanmoins, Les voitures qui ont mangé Paris s’en sort vraiment pas mal avec peu de choses, et a le mérite d’être audacieux et imaginatif. Je lui donne 3.5 car c’est un bon film.