« On avait transformé les bois en champ de bataille en espérant qu’un jour on deviendrait des hommes. »
Né un 4 juillet pourrait être la suite de Platoon au sein de la trilogie Vietnam d’Oliver Stone ; on y retrouve d’ailleurs Willem Dafoe et Tom Berenger (dans une brève apparition) ainsi que quelques acteurs secondaires en figuration. Oliver Stone y poursuit, à travers la guerre du Vietnam, sa propre expérience et, surtout, le témoignage de Ron Kovic, son questionnement sur l’absurdité de la violence militaire et le rôle du politique dans le déclenchement des conflits et dans la prise en charge de ses vétérans (thème déjà développé de manière beaucoup plus primaire dans Rambo). En un mot : qu’est-ce que le patriotisme ? Ronnie est en effet né un 4 juillet, jour de la Fête nationale américaine et présente depuis toujours un visage de battant, celui que son entourage veut lui faire arborer en tout cas, sa petite copine, ses parents, son entraîneur. Pas étonnant donc que Stone ait choisi la belle gueule de Tom Cruise pour incarner ce rôle a priori stéréotypé. Plus étonnant que Cruise ait accepté. Une fois de plus, pourtant, il démontre un talent exceptionnel en incarnant un citoyen aux valeurs brisées par ceux qui les lui ont fait avaler et rongé par le remords.
L’Oliver Stone réalisateur a beaucoup progressé et, si son style reste académique, sa caméra se fait plus fluide, plus scorsesienne (rappelons que Stone a été l’élève du maître new-yorkais). Tout comme dans Platoon, la réalisation est sans concession quant aux détails parfois sordides.
Hélas, la narration hachée ne permet pas de contrebalancer la lenteur inhérente à l’aspect biopic du film, malgré quelques scènes burlesques et d’autres plutôt émouvantes.
Enfin, on regrettera que les rôles féminins soient réduits et négatifs (une mère intégriste, une copine égoïste et volage, une prostituée). Si l’absence de personnages féminins était logique dans Platoon, le côté viriliste de ce film, alors même que Ron Kovic pleure l’homme qu’il n’aura jamais été, selon ses valeurs, l’empêche de toucher à l’intemporalité.
A retenir pour le sujet et pour la performance de Tom Cruise.