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    Les Salauds dorment en paix
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    Flavien Poncet
    Flavien Poncet

    238 abonnés 1 024 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 18 octobre 2008
    D’aucuns disent que «Warui yatsu hodo yoku nemuru» (Japon, 1960) d’Akira Kurosawa serait une adaptation d’«Hamlet» de Shakespeare. Le motif de la vengeance et l’admiration que l’auteur a pour le dramaturge rend plausible une telle lecture. Toutefois ne s’en tenir qu’à cette adaptation serait omettre la réussite du film. L’intrigue se déroule dans le Japon contemporain. Un grand patron, Iwabuchi, exploite ses employés selon la hiérarchie oppressante du capitalisme. L’amer constat que met en scène Kurosawa porte sur un monde nouveau, celui laissé à la sortie de la seconde guerre mondiale, régi par l’exploitation de l’homme par l’homme. La hargne de révolte et son impossibilité de dépasser le courroux du destin donne à l’œuvre une figure de tragédie moderne. Ayant l’allure des films noirs d’Howard Hawks, dans lesquels se nouent de multiples intrigues en secret avant d’être révélé à la surface, ce film de Kurosawa ne prend pas le partie d’effacer les traces du récit (comme pour Hawks) mais préfère révéler sa fragile articulation. Procédant par strates, de l’attaque du plus infime employer jusqu’au grand patron, Kurosawa veut souligner l’avancement de l’intrigue. Cette manière de poser, dans les points forts de l’intrigue, des scènes-déictiques, révèle une démarche quelque peu didactique. Par là, le film peut paraître maladroit. Du reste, il est une passionnante lutte contre la soumission entendue par le capitalisme. Kurosawa est un grand cinéaste de la bêtise humaine, d’autant plus grand qu’il dénonce, non pas tant la bêtise en elle-même que sa présence chez l’homme. Pour Kurosawa, l’homme est naturel au sens de Rousseau. C’est pour cette raison que le Nouvel Hollywood, voulant, en droit, se défaire de l’industrie des studios pour mieux revenir à un certain état de nature (cf. «Easy Rider») s’inspire tant de Kurosawa. Ce film social est peut-être l’un des meilleurs de son auteur avec le plus minimaliste «Shizukanaru Ketto» et l’onirique «Dodesukaden».
    MemoryCard64
    MemoryCard64

    42 abonnés 375 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 26 mai 2016
    Akira Kurosawa a le don de s'approprier les textes de Shakespeare pour faire des films à l'ampleur colossale. La manière dont les enjeux pèsent sur les personnages et le spectateur permet au cinéaste de proposer à chaque fois une expérience cinématographique marquante. L'adaptation de Hamlet, l'une des pièces les plus riches de l'auteur anglais, s'annonçait donc comme une œuvre incontournable. Ce film présente un conflit perpétuel entre le sérieux et l'humour : plusieurs interludes entièrement dédiés au comique ponctuent l'intrigue principale. Ce contraste étonne par son efficacité. Le changement de ton se fait rapidement, au détour d'une phrase, comme si de rien n'était. La modulation habile de la musique permettent de graver ces basculements, pourtant étonnants, dans la logique de l’œuvre. Un point important, puisque Kurosawa va jusqu'à s'approprier les qualités de chaque registre pour affiner la structure de l'histoire. Ainsi, le sérieux d'un coup de théâtre empêche son aspect retentissant d'être ridicule, alors que le comique permet de faire passer une facilité scénaristique en toute discrétion. Cependant, Les salauds dorment en paix reste un long-métrage profondément sombre et fait preuve, à l'instar de Ran, de beaucoup de pessimisme. La dureté de l'histoire se traduit par des images anormalement symétriques et des personnages raides, avec des gestes très mécaniques (ce qui est peut-être une autre manière de critiquer le monde du travail japonais). Mais, comme souvent avec Kurosawa, c'est au niveau de l'écriture pure que son œuvre brille le plus. Toute l'histoire s'articule autour du secrétaire de l'entreprise, qui est certainement l'un des rôles les plus intéressants de la carrière de Mifune. L'intelligence de ce personnage (par extension, celle du scénario) est remarquable tout le long du film, en particulier lors de la scène des billets. Le secrétaire est à l'origine du problème posé dans cette scène (ce que ses collègues ne savent pas) et le spectateur est invité à découvrir ses intentions au moment même où elles se concrétisent. Un de ses supérieurs est accusé à tort devant ses yeux, et son silence et son sang-froid est perçu comme du professionnalisme, comme il l'avait prévu. Ce passage déjà intéressant est rendu virtuose par la scénographie de Kurosawa, qui s'arrange pour que toute l'intensité de la scène passe par le regard de Mifune, qui papillonne d'une personne à l'autre. Du grand cinéma. Le cinéaste japonais dépasse donc sans surprise le stade de la simple adaptation et ne puise que le meilleur de la pièce de Shakespeare pour faire une œuvre différente, et surtout personnelle. C'était beau et c'était grand, merci Akira !
    cylon86
    cylon86

    2 515 abonnés 4 430 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 30 mars 2016
    Il y a quelque chose de pourri au royaume du Soleil Levant. S'inspirant librement de "Hamlet", "Les Salauds dorment en paix" nous conte la minutieuse vengeance de Nishi (Toshirô Mifune, sobre et impeccable de bout en bout) sur la compagnie et ses dirigeants qui ont poussé son père au suicide. Une compagnie qui n'hésite pas à maquiller en suicides les meurtres d'employés trop gênants et qui manipule l'argent aussi bien que les êtres humains. Portant le nom de sa mère, Nishi s'est fait une place au sein de cette compagnie. Il est désormais le secrétaire particulier de son président, monsieur Iwabuchi, ainsi que son gendre puisqu'il a épousé sa fille. Le film s'ouvre d'ailleurs sur la scène du mariage, une cérémonie troublée par des arrestations d'employés de la société et par une pièce montée désignant faisant écho au suicide du père de Nishi... Si Nishi est impliqué dans une histoire de vengeance tordue et astucieusement pensée, "Les Salauds dorment en paix" met un long moment avant de dévoiler ses cartes et avant de nous faire comprendre les véritables intentions de son protagoniste, étonnamment peu présent à l'écran alors qu'il est tout de même l'instigateur de toute l'intrigue du film. Mais ce qui intéresse Kurosawa, ce n'est pas seulement la vengeance de Nishi mais les rouages du pouvoir d'une compagnie gangrenée par la corruption. Le récit s'attarde donc aussi longuement sur Iwabuchi et ses fidèles employés, chacun d'eux étant mis à mal par le plan de Nishi. S'il a tout d'un drame, "Les Salauds dorment en paix" est aussi un film noir, sans aucun doute le plus sombre et le plus réussi de son auteur. Kurosawa construit d'ailleurs sa mise en scène comme les plus grands films noirs américains des années 40. Le travail effectué sur la lumière est saisissant, la mise en scène joue sans cesse avec les ombres, avec l'obscurité, la lumière et les décors, qu'il s'agisse d'une salle de banquet ou d'une usine désaffectée. L'ambiance est particulièrement soignée mais le scénario l'est tout autant. On a rarement vu une mécanique aussi bien huilée chez le cinéaste (à part peut-être dans "Entre le ciel et l'enfer", l'autre grand film noir de Kurosawa, bien qu'à la portée sociale différente) et au fur et à mesure que le récit se déroule, que les mécanismes révèlent leurs rouages et que les personnages se dévoilent, on ne peut s'empêcher d'admirer la complexité d'un scénario qui ne laisse rien au hasard. Chaque scène apporte son lot d'éléments narratifs et chaque plan raconte quelque chose. En l'occurrence, ce que le film raconte est loin d'être reluisant comme en témoigne son final extraordinairement pessimiste. On se retrouve en pleine corruption, plongés au sein d'une immense machine qui n'a aucune pitié pour les gens qu'elle exploite et assassine. Rien ne compte plus que le profit dans cette œuvre flamboyante et désespérée, dénonçant avec virulence les travers d'une société que Kurosawa décortique sans artifices. A revoir aujourd'hui, "Les Salauds dorment en paix" n'a rien perdu de sa force et reste sûrement l'un des plus grands films de son auteur.
    AMCHI
    AMCHI

    5 814 abonnés 5 936 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 9 octobre 2011
    Je n'ai pas réellement accroché à ce polar néo-réaliste de Kurosawa qui fait penser à un certain cinéma italien certes l'histoire est passionnante et la scène d'ouverture (le mariage) est d'un cynisme glaçant ; la fin aussi est vraiment magnifique mais l'ensemble est assez long. Ce film de 2h30 aurait sans doute gagner à être plus court en tout cas selon mon avis car il plaît tel quel à beaucoup de monde. Je n'ai pas vu encore un grand nombre de Kurosawa mais dans le même style j'ai préféré Chien enragé.
    tomPSGcinema
    tomPSGcinema

    753 abonnés 3 323 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 11 juillet 2012
    Malgré quelques petites longueurs, l’ensemble possède tout de même suffisamment de rebondissements pour que l’on puisse prendre un minimum de plaisir à suivre ce récit. Mais évidemment, ce que l’on retiendras le plus dans ce long métrage, c’est à la fois la superbe prestation des comédiens – mention spécial pour le grand Toshiro Mifune qui est une fois de plus impeccable -, mais aussi par rapport à la très grande qualité de la mise en scène. En effet, Akira Kurosawa nous propose des mouvements de caméras comme lui seul en as le secret et cela nous donne bon nombre de plans de toute beautés. En résume, il s’agit d’un excellent polar qui n’est pas à renier dans la filmographie du célèbre metteur en scène japonais.
    pierrre s.
    pierrre s.

    429 abonnés 3 305 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 26 novembre 2015
    Une intéressante étude de la société japonaise, sur fond de corruption et de "sacrifice". Mais elle est plombée par trop de longueurs.
    anonyme
    Un visiteur
    4,0
    Publiée le 30 janvier 2009
    3 étoiles malgré que le film soit quelque peu gaché par des scènes ou le jeu des acteurs est assez ridicule, dommage car par ailleurs le film est d'une grande rigueur. Le sujet, la corruption a haut niveau est courageux, en France un tel sujet n'a pas du être abordé avant les années 70.
    soniadidierkmurgia
    soniadidierkmurgia

    1 182 abonnés 4 175 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 7 août 2012
    "Les salauds dorment en paix" est le premier film de la société de production que Kurosawa a monté pour accroître ses marges d'autonomie artistiques. Le film noir est depuis un moment passé de mode aux Etats-Unis mais Kurosawa pense sans doute que dans une société japonaise qui justement s'américanise, le genre noir sera le bon vecteur pour dénoncer de manière ludique les dérives mafieuses du monde des affaires de son pays. Le film s'ouvre par une longue scène de banquet où un magnat qui marie sa fille est entouré de tous les dignitaires qui lui ont permis de remporter frauduleusement des marchés publics. Coppola saura s'en souvenir pour l'ouverture du "Parrain" en adaptant la cérémonie aux mœurs latines plus affriolantes que l'extrême rigueur japonaise qui oblige chaque invité d'importance à porter un toast public aux jeunes mariés. Le mal est déjà dans le fruit et la scène de la pièce montée si elle ne se termine pas en bain de sang comme dans tout bon film de mafia hollywoodien, permet à Toshiro Mifune de lire sur les visages décomposés quelles seront ses futures victimes. Ce choix scénaristique de Mike Inoue le neveu de Kurosawa permet au réalisateur de rester fidèle au grand dramaturge anglais William Shakespeare qui a déjà été sa source d'inspiration à deux reprises. Passé ce prologue original, Kurosawa marche dans les pas des maîtres du genre pour notre plus grand bonheur. La portée politique et sociale de son propos rapproche davantage Kurosawa du Dassin des "Bas-fonds de Friscoe" ou du Kazan de "Panique dans la rue" que des films plus intimistes de Siodmak ou Huston. Le film remplit donc parfaitement son office et permet d'éclairer le talent protéiforme de Kurosawa aussi à l'aise avec les bandits en gants blancs qu'avec les samouraïs de ses films épiques. Ce qui frappe le spectateur occidental c'est la hiérarchisation extrême de la société nippone et son sens exacerbé de l'honneur qui conduit chaque homme à préférer mourir sur ordre de son supérieur plutôt que de trahir. Mais comme dans toute société organisée les plus puissants l'emportent toujours à la fin . Une vérité portée par le titre et crûment démontrée dans la scène finale d'un cynisme qui fait froid dans le dos. Tous les acteurs sont au diapason d'un Toshiro Mifune parfait en fils vengeur qui hésite sur le sens de son geste. Un film méconnu à redécouvrir d'urgence.
    Romain Z
    Romain Z

    13 abonnés 246 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 25 juillet 2024
    On entre pas si facilement que ça et l'on se perd assez régulièrement dans ce film qui relève à la fois du registre du film noir par sa galerie de personnages fortement typés , mais également de la tragédie shakespearienne, puisque clairement inspiré et adapté d'Hamlet. Emaillé de multiples changements de tons et d'échelles de récit, le film nous travaille en profondeur à défaut de séduire véritablement. Mérite un second visionnage pour ce qui me concerne.
    Arthur Debussy
    Arthur Debussy

    155 abonnés 693 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 28 juillet 2018
    « Les Salauds Dorment en Paix » est plus qu'un polar fiévreux. C'est une intense dénonciation de la corruption qui régnait dans le milieu des affaires au sortir de la Seconde guerre mondiale, dans un Japon en pleine reconstruction. Kurosawa mit un point d'honneur à dépeindre les trafics d'influence en tous genres, à une époque où il était de bon ton de louer le redémarrage d'une économie en plein boom... à n'importe quel prix.

    Le long métrage de Kurosawa fut donc incompris : pour son premier film sous la bannière Kurosawa Productions, sa propre société de production lui permettant de disposer d'une plus grande marge de manœuvre, le cinéaste nippon n'a pas choisi la facilité, qui aurait consisté à réaliser un « jidai-geki », ou film de sabre historique, genre dont il est le maître incontesté et dont le public asiatique comme occidental est si friand. Non, Kurosawa a décidé de tourner un long métrage contemporain sur un sujet qui peut sembler aride à première vue : des règlements de comptes au sein d'entreprises et de structures para-publiques, entre rétro-commissions, pots-de-vin et complots politico-financiers.

    Ce qui est très intéressant, et qui donne l'une de ses grandes forces au film, c'est que Kurosawa s'est bien documenté et qu'il semble savoir mieux que personne comment se déroule un appel d'offre public et quels en sont les biais. Il décortique les rouages économiques des grandes entreprises et de la puissance publique avec le bon niveau de précision pour être suffisamment crédible sans se perdre dans des détails abscons. Et il réussit à donner vie à toute une galerie de personnages pris dans l'engrenage infernal de la cupidité : directeurs, sous-directeurs, vice-président, secrétaire particulier... Rien ni personne n'échappe à son regard acéré.

    Mais la plus grande des forces de ce long métrage réside bien évidemment dans la mise en scène époustouflante de Kurosawa. Dans un noir et blanc contrasté, bien et mal sont en lutte frontale et en même temps, semblent inextricablement entremêlés. Les cadrages sont maîtrisés à la perfection, et la gestion de la profondeur de champ est comme toujours avec le Senseï magistrale, dans un refus obstiné du banal champ/contrechamp. Les personnages se déplacent dans le cadre, premier plan et arrière plan sont dynamiques, deux figures s'opposent et le troisième personnage, au milieu, passe du premier au second plan, etc. La gestion de la foule est tout autant impressionnante, à l'image de cet essaim de journalistes tel un chœur antique, agissant et réagissant comme un seul homme, commentant le déroulé des péripéties. Le tout tantôt dans de riches intérieurs, tantôt dans des ruines de bâtiments éventrés, dévastés par les bombardements, ce qui donne à ce film une identité visuelle extrêmement forte.

    Et bien sûr, comment ne pas citer la scène introductive du mariage, typique de l'art de Kurosawa, avant tout visuel et donc cinématographique : tout est dit en quelques images de la relation qui unit Nishi au clan Iwabuchi et à la fille du patriarche, qu'il s'apprête à épouser. Tout est dit de la tension qui règne, des non dits oppressants, des faux semblants qui rendent la cérémonie éprouvante pour les protagonistes comme pour le spectateur. Le moindre geste, le moindre regard devient ainsi une déflagration d'émotion. Seul John Ford savait créer des images aussi percutantes avec si peu de pellicule, tout en restant dans la sobriété et la retenue.

    Il faut également louer le talent des acteurs. Toshiro Mifune en tête, étonnamment sobre, bouillonnant intérieurement mais ne laissant rien transparaître, Tatsuya Mihashi en fils pourri gâté et en frère protecteur, Ky�ko Kagawa en femme blessée, Masayuki Mori, méconnaissable en patriarche corrompu jusqu'à la moelle, Kamatari Fujiwara en sous-fifre peureux et K� Nishimura, incarnant la folie d'une façon qui fait froid dans le dos. Seul l'habituel Takashi Shimura déçoit, trop gentil pour jouer de façon convaincante un pourri.

    Toutefois, n'oublions pas la colonne vertébrale de ce long métrage : le scénario. Un scénario bourré de rebondissements, tendu, haletant et plein de suspense. Kurosawa transpose « Hamlet » à l'époque contemporaine et qui plus est au Japon... et une fois encore, ça marche ! Dans d'obscures circonstances, il y a 5 ans, un employé de la société d'Iwabuchi s'est suicidé à la suite d'une enquête judiciaire sur un appel d'offre frauduleux. Et 5 ans plus tard, quelqu'un semble vouloir venger cette mort, et est prêt à tout pour cela.

    Mifune / Nishi devient un justicier inflexible, un héros des temps modernes pas tout à fait blanc, tendant même dangereusement vers le noir, gangrené par le mal contre lequel il veut lutter. Perdant peu à peu le contrôle d'évènements qui le dépassent, il se met à hésiter... et dès lors il court à sa perte. On ne joue pas avec le feu sans s'y bruler les ailes. Le bien et le mal ne sont pas ici véritablement distincts, et Nishi est dans cette zone grise où plus rien n'est clair. Quand les hommes de bien commencent à faire le mal pour le combattre, ils perdent peu à peu ce qui leur restait d'humanité.

    C'est alors que dans un film noir au possible, modèle absolu du genre, intervient une lueur d'espoir et de fraicheur en la personne de Keiko Iwabuchi, cette femme infirme, initialement moquée et méprisée. Les personnages féminins sont rares dans le cinéma de Kurosawa, et plus encore les histoires d'amour. Alors quand Nishi avoue à Keiko l'amour qu'il lui porte en dépit des évènements, cette déclaration est d'autant plus intense et forte. Hélas, ironie du sort, c'est l'amour de Nishi pour Keiko qui le mènera à sa perte, ultime tragédie qui fait que la boucle est bouclée. Oui, les salauds dorment en paix... et Kurosawa signe là l'un de ses plus grands films, un long métrage puissant et noir, désespérément noir.
     Kurosawa
    Kurosawa

    583 abonnés 1 509 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 11 février 2014
    Kurosawa frappe un grand coup avec ce film noir au fond pessimiste. La vengeance, la corruption et la famille sont les thèmes majeurs de cette oeuvre surprenante et angoissante. Le scénario est extrêmement riche, avec un coup de théâtre ingénieux après une demi-heure et une fin inattendue qui relativise ce qui précède. Un film aussi où les acteurs sont époustouflants, avec un Toshirô Mifune en état de grâce. Il porte sur son visage la douleur qui habite son personnage, et procure une intensité dramatique rarement vue au cinéma. Un film explicatif sur le passé et les émotions des personnages, mais incroyablement subjectif sur la dimension sociale et politique qui brûle à chaque image. C'est ce décalage qui fait la force du film, et de façon plus large, le cinéma entier de Kurosawa.
    anonyme
    Un visiteur
    2,0
    Publiée le 15 août 2017
    Un des plus mauvais Kurosawa qu'il m'ait été donné de voir. Toshiro Mifune n'est pas très bon et on ne peut pas lui en vouloir le rôle qu'il tient supportant mal les quelques contradictions du scénario qui font errer son personnage. Les décors sont eux aussi assez pauvres et le tout bien artificiel. Bref c'est l'anti Rashomon. Si vous aimez les bons films de samouraïs de Kurosawa, vous risquez d'être bien déçus ; ce n'est tout simplement pas son fort de faire autre chose que ce qu'il maîtrise à la perfection.
    weihnachtsmann
    weihnachtsmann

    1 151 abonnés 5 135 critiques Suivre son activité

    3,0
    Publiée le 20 septembre 2024
    Le film est une affaire de vengeance et de corruption.
    Il se développe comme une longue quête de la vérité.
    On apprend des secrets et on assiste à quelques moments tendres mais le fond est véritablement noir.
    Quelque peu long effectivement…
    Dahrar
    Dahrar

    26 abonnés 133 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 14 octobre 2024
    Si ce polar démarre sous les meilleures auspices, il s'enlise dans les tourments de ses personnages et tourne en rond. Le dernier tiers est particulièrement laborieux et interminable. Heureusement que Kurosawa a l'air de construire de magnifiques plans qu'on a plaisir à admirer.
    JoeyTai
    JoeyTai

    20 abonnés 442 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 2 janvier 2024
    Kurosawa brille encore par sa mise en scène et par son aptitude à diriger des acteurs par ailleurs talentueux. De nombreuses scènes sont très justes voire saisissantes. La psychologie des différents personnages rend l'ensemble captivant. Les motivations de chacun et ses relations avec les autres sont en effet bien définies, de sorte que l'on peut suivre aisément les intrigues, par exemple un personnage qui exerce une pression sur un autre afin que ce dernier agisse à son tour sur un troisième. Ce réalisme, pessimiste mais lucide, apporte grandement au récit. Toutefois, j'ai trouvé certaines séquences un peu trop étirées. Shirai par exemple n'en finissait plus de perdre la raison ! Le film aurait pu être plus resserré sans perdre de sa force.
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