"Mon ange". Première réalisation de Serge Frydman, scénariste attitré de Patrice Leconte pour "Une chance sur deux", "La fille sur le pont" et "Rue des plaisirs" (avec Vincent Elbaz et Patrick Timsit).
Un film d'auteur à part entière étant donné que Frydman porte trois casquettes : il est réalisateur/scénariste/dialoguiste.
Coup de maître pour ce coup d'essai. Dans ce registre là, il n'aurait pas pu mieux faire. Dingue !
Scénario : Colette, ayant répondu à un appel téléphonique en pleine nuit (et ressemblant à un appel au secours), va aider une inconnue à retrouver son fils Billy, mainenant adolescent. Bientôt seul au monde, Billy qui ne se connaît et reconnaît pas, va rester avec Colette.
Magistralement interprété, le duo Vincent Rottiers (vu par la suite dans "Le passager" d'Eric Caravaca)-Vanessa Paradis ("Une chance sur deux", "La fille sur le pont") dézingue tout sur son passage et fait vivre le film intensément sans jamais qu'un élément vienne rompre ce firmament.
Vanessa Paradis (Colette) est d'abord "l'ange" de Vincent Rottiers (Billy) car elle le protège. Ensuite, c'est au tour de V. Rottiers de prendre soin de Paradis, femme blessée par la vie et l'amour.
Lors de la scène d'ouverture (le générique de début), Vanessa Paradis est comme figée derrière une vitrine attendant l'amour du premier venue. Avec Vincent Rottiers, Madame Paradis (Madame Depp, excusez-moi !) attends toujours mais ne s'avère pas vaincue : elle voyage (avec Billy bien sûr) mais n'arrive jamais à se décoller de l'ado en perte de repère. En femme fragile et délaissée, Paradis apporte tout son talent, un jeu d'acteur majuscule, qui renforcé par la présence, le charisme du jeune Vincent Rottiers, fait d'elle non pas une icône mais une star déstarifiée de par la technique toute particulière du cinéaste Serge Frydman (longs travellings sur des gros plans).
La fin de l'adolescence pour Billy est marqué par son premier rapport avec Collette, qui, sur une scène où on voit le visage de Paradis dans une glace, fait la transition entre femme blessée et femme aimante. Dans cette scène, Vincent Rottiers apporte toute sa fraîcheur (son regard bien entendu), mais aussi sa prestance, sa qualité et non plus sa démesure, vue dans son premier dialogue envers un chauffeur.
Finalement, un mélangé subtil de romance, de teinte fantastique et de qualité d'interprétation, font de ce road-movie un délire, un rêve pharaonique que seul le spectateur peut admirer, par sa force à être subjugué. Ce qui m'a le plus frappé, c'est non seulement l'aisance du duo Rottiers-Paradis, mais aussi la chanson d'Elvis "Foreign I can't help falling in love", un peu comme sur le "Full metal jacket" de Kubrick et le "Paint it black" des Rolling Stones.
Ce qui m'a un peu laissé sur ma faim, c'est l'ambiance, l'atmosphère fantasmagorique à la Tim Burton qui part un peu en vrille au final.
Sinon, un coup de maître de la part de Serge Frydman qui a l'art de rivaliser avec le "Sixième sens" de M. Night Shyamalan pour l'atmosphère qu'il dégage. Jamais un film français ne m'avait fait ça ! C'est dire !!
Pour conclure, "Mon ange" est un film (mastodonte) français qui hantera longtemps les esprits !! ...et les jeunes en mal d'amour. A bon entendeur, bien sûr... !