Au bout du monde à gauche : les secrets du tournage

Alors qu'Avi Nesher faisait partie, en juillet 2001, du jury du Festival du Film de Jérusalem, l'Intifada était à son comble : l'idée lui est ainsi venue d'en faire un film. "Anthony Bregman, juré lui aussi et producteur au sein de Good Machine, m'a dit que ce serait bien d'arriver à faire un film sur l'absurdité de ce combat, sur la désespérance de deux peuples traumatisés par leur histoire et incapables de surmonter leurs peurs".

L'inspiration est également venue à Avi Nesher grâce au récit d'un ami. Celui-ci avait passé son enfance dans un petit village isréalien, perdu près du désert : "Là se trouvaient mélangés des gens d'origine marocaine et indienne au mode de vie très différent. Les premiers s'identifiaient culturellement à la France et les seconds à l'Angleterre. (...) Son histoire était drôle et touchante, réelle et totalement surréaliste. Elle a éclairé mon point de vue sur la valeur de l'identité".

C'est volontairement que Avi Nesher a choisi les années soixante comme cadre de son récit. Cette période de libéralisation des moeurs et de développement de mouvements féministes refléte particulièrement le choc culturel et le choc générationnel que vivent les personnages. Le réalisateur précise : "Ce vent de changement a vraiment marqué les modes de vie et de pensée. Cette révolution là a eu quelque chose de plus fort parce qu'elle a touché les gens dans ce qu'ils ont de plus personnel".

L'équipe du film s'est déplacée en Inde, à Bombay -autrement appelé Bollywood- pour découvrir les interprètes de la famille indiennne. Si beaucoup des acteurs qu'ils ont rencontrés étaient des stars du cinéma indien, aucun n'avait passé d'audition, au sens "européen" du terme. Le choix des acteurs a donc été épique pour le réalisateur Avi Nesher.

Au bout du monde à gauche raconte l'histoire de deux familles immigrées, et l'équipe du film reflétait parfaitement ce mélange ethnique. Le plateau comptait des Américains, des Français, des Israéliens, des Indiens, des Marocains... Une véritable Tour de Babel.