Première erreur, voir le film en VO, difficile d'être sous le charme des parisiens parlant anglais.
Deuxième erreur, le budget, le vieux Paris est à mourir de rire, tellement on a l'impression d'un morceau de studio en plein Cinecitta, on est en 2004, pas à l'époque de Maigret à la TV.
Troisième erreur, la qualité des peintures, on sent tellement que c'est mal peint, et par un peintre contemporain, que ça fait perdre le peu de vraisemblable qui survivait encore.
Quatrième erreur, la musique, techno jungle indé, tout sauf quelque chose qui nous donne l'impression d'y être, à part la môme Piaf, comme si Delysle et Chevalier n'existaient pas à l'époque.
Bref, un panorama des idées reçues américaines sur le Paris de l'époque avec une absence énorme de vérité historique, comme si un adolescent voulait refaire la "Ligue des Gentleman extraordinaires" avec les peintres résidant en France à cette époque. Le pire étant sans doute la manière de faire passer Cocteau pour le petit chien de Picasso, ce qui semble montrer que l'adolescent en question reste au niveau de la petite histoire (pas forcément réelle qui plus est) en oubliant de comprendre la portée des artistes présents.
Donc, si l'on arrive à oublier l'injure culturelle, on peut regarder le film, et le critiquer plus sereinement.
C'est une avalanche de caricatures de pochetrons nomades, accessoirement talentueux, avec délires Disneyien de la fée clochette tendance gros éléphant rose, un recours au flash back et à l'inexistence des seconds rôles qui fait que l'on ne comprend bientôt plus parfaitement qui fait quoi.
Le pire étant sans doute la séance peinture de la dernière chance qui fait penser aux scènes d'entraînements finales de "Rocky 1" ! Sans parler du mélodrame ambiant auquel on ne peut participer, à cause d'une trop forte virtuosité et recherche d'originalité dans les plans difficiles.
Pour le casting, on est surpris de voir Zylberstein jouer la jeune fille de bonne famille française antisémite tandis que le juif italien expatrié est joué par un espagnol. Mais après Will Smith et "Les mystères de l'Ouest", on savait qu'Hollywood ne se soucie désormais plus vraiment de la vraisemblance. Idem pour Picasso, qui est très loin des photographies de l'époque.
Alors ? Le côté sympathique, ce sont quelques plans bien travaillés, une photo, toujours à l'effet facile, mais agréable, quelques trouvailles de mise en scène. Et heureusement des acteurs qui s'amusent, et ont un jeu inspiré, sans doute de peur d'être responsable du naufrage définitif du navire. Cela dit, qu'allait faire Hippolyte Girardot dans cette galère ?