J'ai tellement de choses à dire sur Pasolini l'homme que ça va être compliqué. Bon déjà il faut savoir que Pasolini est dans la liste de mes réalisateurs préférés (qui tourne selon mon humeur) dans laquelle on retrouve également Marker, Godard et Welles... et il faut aussi noter que Pasolini a réalisé deux de mes trois films préférés : l'évangile selon saint Mathieu et Théorème. Disons que là Ferrara s'attaque à un très gros poisson (si j'ose traiter Pasolini de poisson). Alors je savais que le film allait être décevant, anecdotique, on ne peut pas faire un film sur Pasolini d'une heure vingt quatre, ce n'est pas envisageable et pourtant, il y a tout un tas de trucs bien à dire sur le film de Ferrara, parce que tout simplement je savais ce que j'allais voir.
Alors comme pour Welcome to New York, la photo c'est vraiment pas ça, l'image est loin d'être belle, mais il ne faut s'y attarder outre mesure, ça serait passer à côté du coeur du film. Je pense que Ferrara que je ne connais pas si bien finalement, fait un film très personnel, tout comme DSK c'était en partie lui, ici Pasolini c'est en partie lui... Disons que j'ai l'impression que Ferrare embrasse totalement son discours. Et il a raison...
J'adore la scène d'introduction où il explique la tagline de l'affiche, scandaliser est un droit et être scandalisé est un plaisir... ce à quoi il ajoute que ceux qui se refusent à être scandalisé sont des moralistes. Génial ! Je ne sais pas s'il a vraiment prononcé ces mots, mais c'est tellement vrai, il suffit de l'appliquer de nos jours, on voit qui fait sa mijaurée... on identifie très bien les moralistes... C'est limite nietzschéen lorsqu'il explique qu'on l'insulte dans la rue sans déplaisir de sa part.
D'ailleurs il faut savoir qu'une projection de Salo peut encore aujourd'hui provoquer quelques remous ! C'est ça d'être un génie, déranger encore quarante ans plus tard et ne jamais se démoder.
Outre mon admiration pour l'homme et pour son oeuvre cinématographique (je ne connais pas le reste, il faudrait que je le lise un jour également), le film montre surtout un Dafoe qui parle anglais (ça le fait moyen), mais qui en fait assez peu pour ne pas être dans la singerie, ce que je craignais, du coup ça passe plutôt bien... L'intérêt du film est bien sûr les reconstitutions des oeuvres de Pasolini qu'il n'a pas eu le temps de faire avec Ninetto Davoli, s'il vous plaît ! Alors ce n'est pas filmé comme Pasolini le ferait, tant mieux, on n'est pas dans un pastiche grotesque ! Et franchement ça donne envie.
L'autre raison c'est de voir comment sera traité la mort de Pasolini, quelle thèse va être avancée, la mafia, l'homophobie, le prostitué... J'ai l'impression que dans cette fin Ferrara tente d'humilier limite Pasolini, lui faire payer son génie... Génie que Ferrara (et que tout le monde d'ailleurs) lui envie.
Il y a plein de trucs à dire sur Pasolini et il vaut mieux connaître un peu son oeuvre avant de voir le film, sinon on peut être perdu, mais c'est intéressant, je n'irai pas jusqu'à dire que c'est bien, c'est intéressant. Je n'en demandais pas forcément plus... C'est déjà ça, tous les films ne peuvent pas s'en vanter !