Ayant pu observer les nombreuses critiques faites de ce film, il apparaît qu'elles se divisent le plus souvent en deux sections : une première ayant adoré le film et une autre l'ayant trouver (je cite) "nul à chier avec un grand C". Je fais pour ma part partie de la 1ere catégorie et bien que je comprenne le désintérêt de certains spectateurs, sans doute plus soucieux de voire un bon "slasheur" ou, tout du moins, un film facile à suivre, je vais tenter de justifier mon point de vue.
Car ce qui vaut à deux soeurs une telle note de ma part, ce n'est pas uniquement la qualité de jeu des acteurs (en VO sous titré c'est mieux quand même) ni les cadrages qui bien que d'excellente qualité, comme on pouvait s'y attendre venant d'un réalisateur de talent, sont assez classiques.
En fait, le véritable génie du film relève de son trait le plus critiqué : le scénario. Il laisse coi la moitié des spectateurs, incapables de suivre l'histoire, et je dois avouer qu'à moins de voire le film plusieurs fois, il reste difficile à démêler. Mais ce principe même de faire réfléchir le spectateur, de lui faire élucider le "mystère" lui même n'est-il pas à saluer plutôt qu'à critiquer ? Le film en lui même reste suffisamment bien conçu pour rester intéressant au bout de la 4em séance au minimum pour les perfectionniste qui souhaitent voire tous les liens établis entre les personnages par actions, dialogue, objets du décors, un atout extrêmement rare pour un "film d'horreur", en tout cas d'un point de vue occidentale.
Si l'on ajoute à cela que le film ne se repose pas sur de simples effets horrifiques comme c'est souvent le cas (encore une fois on pourra penser aux slashers, au projet Blair Witch ou à paranormal activity qui ne tiennent que par cet aspect) deux soeurs reste l'un des films d'horreur les plus marquants et les plus novateurs de ces dernières années.
Quand à ceux qui n'auraient pas compris le scénario et n'ont pas su voire toutes les clefs (je pense entre autre à celui qui se moque de la scène de la cuisine) voilà l'histoire approximative (attention spoiler) :
- Le père de famille ramène à la maison sa maîtresse qui vient manger avec la mère de la famille et les deux soeurs.
- face à l'affront, la mère se suicide en se pendant dans une armoire. C'est la plus jeune soeur qui la découvre et l'armoire lui tombe dessus. Alors que personne ne la découvre elle finit par mourir, d'où l'importance métaphorique de l'armoire dans le film.
- La 2em soeur, se sentant responsable car elle n'a pas su porter secours à sa soeur sombre dans la folie et est interner en hôpital psychiatrique. Sa folie consiste en fait en une forme de schizophrénie: elle est dans le film à la fois elle même, sa soeur morte et la maîtresse de son père !
- Semblant aller mieux, ou peut être juste pour améliorer son état, on la renvoie dans la maison mais comme on le voit dans le film, elle est "toujours malade". Elle mixte dans son délire l'armoire, les oiseaux de son père (qu'elle juge également responsable) qui appartiendraient en fait à la maîtresse, les comprimés qu'elle est sensé avalé mais qui seraient en fait pour la maîtresse (avec une personnalité violente car ce serait-elle qui aurait en fait maltraité sa soeur et qui aurait tendance à faire des crises de rage) et d'autres éléments comme le sac de poupées.
- le père la laisse seule un après midi pour aller chercher sa maîtresse qui jusque là n'avait jamais été présente dans la maison, c'était toujours la fille). Durant son absence sa fille cherche indirectement à se suicider (en faisant s'entretuer deux de ses personnalités à l'aide entre autre d'une statue se couvrant les yeux) mais elle échoue au dernier moment.
- Finalement, la fille, alors qu'elle se voit comme la maîtresse (toujours dans son délire schizophrène) voit la véritable maîtresse. Le choc est grand mais pas suffisant et alors qu'elle retourne à l'hôpital, elle est dans le même état qu'au début du film).
L'existence d'un fantôme reste sujet à caution. En effet, on voit dans l'avant dernière scène du film la maîtresse aux prises avec un fantôme dans la maison qui serait celui de la plus jeune soeur (à laquelle elle n'avait pas porté secours) et il est vrai que dans la scène du repas, la femme prétend avoir vu le fantôme d'une jeune fille alors qu'elle faisait une crise d'épilepsie. Mais il est tout à fait possible qu'il s'agisse uniquement d'un autre délire de la soeur aîné qui imagine la vengeance de sa soeur depuis son lit d'hôpital !
Pour reprendre la scène du diner, le malaise vient donc du fait que ce n'est pas la maîtresse qui raconte ces blagues mais bien la fille malade, ce qui explique la réaction prostrée des invités.
Pour finir, je ferait une mention spéciale sur la musique servant à rythmé les moments émouvants, ce qui permet au film de sortir d'un registre purement horrifique dans lequel se restreignent de nombreux films occidentaux.
Il s'agit donc à mon sens d'un film rare à voire absolument