Je ne savais guère à quoi m'attendre en me lançant dans L'Hirondelle d'Or, notamment réputé pour avoir renouvelé et donné un nouveau souffle au genre du Wu Xia Pian, mais force est de constater qu'il provoque bien l'effet voulu, et surprend même, à l'image de sa modernité.
Dès les premières secondes l'oeuvre intrigue, notamment par la façon dont King Hu capte les paysages et place une atmosphère plutôt ambiguë. Peu à peu, l'histoire passe au second plan, elle ne devient guère intéressante (et elle ne s'avère pas forcément très bien écrite), c'est dans les personnages, les chorégraphies et la mise en scène que Da zui xia trouve son salut, cette façon dont le réalisateur capte son héroïne et arrive à faire ressortir une véritable beauté formelle de son oeuvre.
Alors oui, comme dit plus haut c'est loin d'être parfait, l'histoire déçoit et est un peu prévisible, c'est parfois un peu n'importe quoi (on met notamment trois plombes à découvrir que le protagoniste est censé se travestir) tandis que le sur-jeu des acteurs devient par moment légèrement irritant, et pourtant...
L'Hirondelle D'or se regarde comme on peut admirer un magnifique tableau, la mise en scène, ainsi que la technique, de King Hu, subliment tout cela et nous en mettent plein la vue, alors que l'héroïne, jouée par Cheng Pei Pei, reste aussi l'un des points forts du film tant elle est aussi jolie que passionnante.
L'aspect fantastique venant prendre place dans ce film de cape et d'épée est aussi assez bien géré, permettant à l'oeuvre de surprendre sans en devenir trop lourde, et j'ai vraiment bien aimé la vision de la Chine médiévale proposée. Les combats sont bien souvent remarquablement chorégraphiés, c'est un vrai régal, à l'image de la séquence dans l'auberge, et c'est aussi dans les moments précédents les combats, la tension lorsque le calme précède la tempête, que L'Hirondelle D'or est particulièrement réussi.
Si on peut reprocher à L'Hirondelle d'Or quelques failles dans le scénario, cette oeuvre pionnière dans le renouveau du Wu Xia Pian se révèle d'une pure beauté formelle, emmenée par une héroïne particulièrement passionnante dans le passionnant contexte de la Chine médiévale.
En tension avec sa société de production Shaw Brothers, notamment sur les méthodes de travail, King Hu quitta vite Hong-Kong pour Taiwan, alors qu'ils sortiront une suite à L'Hirondelle d'Or deux ans plus tard, sans lui.