The Weather Underground : les secrets du tournage

Les étudiants du groupe décidé à "terroriser l'Amérique" afin d'arrêter la guerre du Vietnam, se font tout d'abord appeler "Weathermen". Ce nom est inspiré des paroles d'une chanson de Bob Dylan : "you don't need a weatherman to know which way the wind blows" (tu n'as pas besoin d'un météorologue pour savoir d'où vient le vent) qui signifiait qu'il était évident que la révolution était imminente. Le titre de la chanson elle-même, Subterranean homesick blues, rappelle la solitude de ceux qui vivent cachés sous terre.

Dans un deuxième temps, alors qu'ils entrent dans la clandestinité, les Weathermen se font appeler les "Weathermen Underground". Puis, afin de ne pas être taxés de sexisme, ils abandonnent "Weathermen Underground" et adoptent le nom "Weather Underground".Pourchassés par le FBI, les membres du Weather Underground étaient obligés d'utiliser des noms de code lorsqu'ils communiquaient entre eux, comme "eggplant" (aubergine) pour Weather Underground, "ice cream" (glace) ou "pickles" (cornichons) pour dynamite.

Les coréalisateurs du film expliquent :"En 1998, nous avons décidé de faire ce documentaire. Nous étions convaincus que ce sujet soulevait des questions importantes et interpellantes. Et également qu'il s'agissait d'une histoire que les jeunes se devaient de connaître. Ce qui nous a le plus surpris tous les deux, c'est que la plupart des gens de plus de 40 ans connaissait le "Weather Underground" et avait une opinion tranchée à son sujet - soit ils les trouvaient fantastiques, soit ils les considéraient comme des terroristes qui avaient ruiné la gauche -. D'un autre côté, 99% des gens de moins de 40 ans n'avaient pas la moindre idée de ce qu'était le "Weather Underground". Ils n'en avaient même jamais entendu parlé. C'était pour nous quelque chose d'incompréhensible et de décevant, car nous sommes intimement convaincus qu'il s'agit d'une histoire importante qui apporte un éclairage essentiel pour comprendre l'état du monde d'aujourd'hui."

Le 11 septembre 2001, alors qu'il était en train de monter les interviewes de The Weather Underground, Sam Green, comme tout le monde, a regardé la télé : "j'étais totalement anéanti. Pendant une semaine, j'ai pensé que je ne serai plus capable de terminer le film, en particulier parce que tout le monde disait que le monde ne serait jamais plus comme avant. Et puis, j'ai réalisé combien ce sujet tout à coup devenait pertinent".

Bernardine Dorn, membre fondateur du "Weather Undeground", est aujourd'hui avocate et professeur de droit à l'Université de Northwestern. Dans les années 70, elle était fière d'appartenir au club très fermé des 10 femmes les plus recherchées d'Amérique. Vivant longtemps dans la clandestinité avec son compagnon Bill Ayres, elle préféra se rendre en 1981, pour le bien de ses enfants.

Mark Rudd, figure nationale de la contre-culture américaine, fit partie du mouvement de protestation en 1968 de l'Université de Colombia, qui se termina par la prise d'otage du directeur. Il se réfugia à Cuba, attiré par le mythe du Che. Il est aujourd'hui professeur de mathématiques.

Lorsque le groupe éclate, David Gilbert rejoint la "Black Liberation Army" (l'Armée Noire de Libération) et tombe plus à fond dans la violence révolutionnaire armée. Pour ce mouvement, il accepte de faire le chauffeur lors du braquage d'un fourgon blindé qui tourne mal, et au cours duquel 3 policiers sont tués – dont l'unique et premier policier noir de la région. Il est condamné à perpétuité dans la prison d'Attica pour sa participation à cette opération.