En écrivant le scénario, John Waters ne voyait que le créateur de Jackass pour jouer le rôle de Ray-Ray, le sorcier sexuel doté de pouvoirs et bien pourvu par la nature : "J'avais vu Jackass - le film quand il est sorti et j'avais retrouvé le même esprit que dans Pink Flamingos. J'avais aussi aimé l'anarchie de l'émission télévisée et les problèmes qu'elle posait. Qui mieux que Johnny Knoxville aurait pu être à la tête des Accros du Sexe ?"
L'acteur témoigne :"John avait amené tous ces magazines sur les goûts sexuels particuliers et il m'a dit : "Voilà, le film parle de tout ça." J'ai répondu : "Ecris-le et je le fais." J'aurais fait n'importe quoi pour travailler avec lui, il a toujours été l'un de mes réalisateurs préférés. Il a une perspective complètement différente des autres, et j'aime tout simplement tous ses films."
John Waters tourne tous ces films à Baltimore, dont il est originaire. Pour les besoins du film, les espaces verts ont été quelque peu modifiés par la production : "Harford Road fait partie des endroits de Baltimore auxquels je n'avais pas encore rendu hommage. C'est un quartier préservé, et je me suis dit que ce serait peut-être utile de faire le film là-bas (...) Les habitants ont été compréhensifs et nous ont vraiment apporté leurs soutient. Ils avaient des arbres-pénis sur leurs pelouses et nous mettions des anus à leurs buissons et ils étaient malgré tout adorables... Ils sortaient et posaient avec leur famille pour des photos, ils nous faisaient des cookies et ils demandaient gentiment qu'ils pouvaient déplacer leurs voitures pour aller travailler..." Un sens de l'hospitalité et une tolérance qui ont agréablement surpris le réalisateur et son équipe.
John Waters a une vision bien particulière de son dernier opus : "En fait, je pense vraiment que A dirty shame est un film féministe, un peu curieux certes, mais qui l'est vraiment : Sylvia sort de sa nouvelle liberté sexuelle grandie, plus puissante, pluis accomplie."
De plus concernant une séquence du film où Sylvia (Tracey Ullman) nouvelle accro au sexe s'explique avec sa fille (Selma Blair), ayant d'énormes prothèses mammaires et un sérieux penchant pour l'exhibitionnisme, John Waters révèle que : "C'est un moment plein d'émotion, finalement, elles ont réussi à se rapprocher. Grâce au sexe, les liens se resserrent entre elles."
Dans A dirty shame , un hommage au chanteur des Doors s'est glissé. En 1969, ce dernier aurait dévoilé son sexe lors d'un concert à Miami, soulevant chez les bien-pensants un véritable tollé. Des marches au nom de la décence furent organisées. Dans le film, c'est également le cas, les plus puritains s'organisent et manifestent pour le retour à l'ordre et à la pureté. John Waters ajoute : "Je ne crois pas qu'il l'ait vraiment fait, parce qu'on aurait forcément vu à un moment ou à un autre une photo de son pénis... Mais pendant une brève période, en réponse à la supposée exhibition de Morrison, des mouvements de bienséance se sont déclenchés à travers tout le pays. L'un d'eux a eu lieu à Baltimore, mais il a tourné à l'émeute raciale. C'était une époque vraiment explosive."
S'inspirant des plus sérieux "drames pour adultes", qui formaient le courant "sexploitation", John Waters avec A dirty shame ouvre la voie à un nouveau genre, la comédie sexuelle. Le réalisateur nous explique ses intentions : "Je fais dans la satire de genre. J'ai déjà réalisé un film policier, Serial Mother, une comédie musicale, Hairspray, un film sur la délinquance juvénile, Cry-Baby, une biographie d'artiste, Pecker, et un thriller terroriste, Cecil B. DeMented. Il ne me manquait plus qu'un film d'éducation sexuelle."
Il ajoute : "J'ai exagéré la peur du sexe chez les personnages de ce film, beaucoup de gens n'aiment pas le sexe, ne veulent pas y penser, pas en parler (...). Leur paranoïa envers le sexe va très loin. Particulièrement pour le personnage de Mink, Marge que le poils pubiens rendent nerveuse et qui se plaint que des gens "rasent leur entrejambe au moment où elle parle".
John Waters a eu l'idée du film en lisant un article, il nous raconte : "C'était une phrase au fil d'un article (...). On y mentionnait un fait apparemment peu connu : une petite minorié de gens ayant subi une commotion cérébrale ont des pulsion sexuelles incontrolâbles. Je crois me souvenir que le terme exact employé était "comportement sexuel inapproprié". Cette idée a germé en moi et fini par donner ce film sur les Accros du Sexe qui prennent le pouvoir dans tout un quartier."
John Waters s'est approprié cette théorie et l'a mise en scène dans une famille typique américaine, il s'explique : "Ce film est une comédie qui pose la question : que feriez-vous si votre mère ou votre tante se transformait soudain en nymphomane à deux pas de chez vous ? (...) Si vous étiez gamin et que vous ayez une mère ordinaire qui gère l'épicerie locale et qu'elle se transforme soudain en bête de sexe.... Que feriez-vous ?"